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Carla Bruni joue la carte de l'ambiguïté avec "Little French Songs"

L'album de Carla Bruni "Little French Songs" a été enregistré en 2011, alors que Nicolas Sarkozy était à l'Elysée. [MARKUS SCHREIBER]
L'album de Carla Bruni "Little French Songs" a été enregistré en 2011, alors que son époux Nicolas Sarkozy était à l'Elysée. - [MARKUS SCHREIBER]
Carla Bruni joue avec les mots sur "Little French Songs", un album qui malgré les dires de l'ex-Première dame de France s'écoute à plusieurs degrés. A 72 ans, Jacques Higelin célèbre le printemps dans son "Beau Repaire" alors que Shannon Wright sort son dixième album et gagnerait à être plus connue.

Périlleux exercice que chroniquer le dernier Carla Bruni sans sombrer dans la critique facile ou l'étude de texte politique. Il faut dire qu'avec "Little French Songs", l'ex-Première dame de France n'a en rien facilité la tâche aux oreilles attentives.

Malgré toute la bonne volonté du monde, oublier Nicolas Sarkozy et l'Elysée –où l'album a été enregistré en 2011- relève de la mission impossible.

Outre les balades, type "Quelqu'un m'a dit", on retrouve dans ce quatrième album l'autre marque de fabrique de Carla Bruni: des textes diablement bien écrits.

Au-delà de l'hommage annoncé aux grands de la chanson hexagonale (Brassens et Ferré en première ligne), difficile de ne pas entendre double sens et sens cachés dans des titres comme l'espiègle "Pas une Dame" ou le sentimental "J'arrive à toi".

La foire aux allusions

La critique n'a d'ailleurs pas tardé à identifier toute sorte d'allusions. A DSK, d'abord, dans "Chez Keith et Anita", puis à l'ancien président de la République, à peine dissimulé sous les quatre consonnes et trois voyelles de "Mon Raymond".

"C'est lui le patron, c'est lui qui tient la boutique", dépeint Carla Bruni dans cette "chanson cadeau" où Nicolas Sarkozy "quoi qu'en disent les bouffons, c'est de la dynamite".

Moins flatteur, voire carrément assassin, "Le pingouin" apparaît "bras ballants", "l'œil hautain", "ni froid ni chaud", "ni tout ni rien" -mais surtout rien- et n'a pas fini de défrayer la chronique tant l'allusion à François Hollande est évidente.

Au final, on s'amuse à décrypter "Little French Songs", un album parfois caustique au style des plus épurés, sorte de carnet de bord qui ne dit pas son nom.

Écouter "Mon Raymond"

Avec "Beau repaire", Jacques Higelin chante le printemps

Publié le lundi de Pâques, 1er avril, "Beau repaire" n'a rien d'une blague. En éternel jeune homme, Jacques Higelin invite à saluer le printemps, le renouveau, l'amour et la liberté.

Après "Coup de foudre" en 2010, dans lequel il s'était attaqué à la crise avec l'idée d'en découdre, l'artiste a pris sa plus belle plume pour offrir un disque ponctué d'éclats de rire, de jeux de mots et d'exultations. On n'est pas loin de "Tombé du ciel" ou "Tête en l'air".

A 72 ans, le père d'Arthur H. et d'Izia choisit une météo printanière pour nous entraîner irrésistiblement avec "Seul" et "Joie de vivre" dans un monde bucolique fait de vallons rieurs et de sexes volcans. Seuls quelques nuages percent avec "Délire d'alarme", mais Jacques Higelin a tôt fait d'inviter sa "reine" sur une "île au trésor".

Une oasis fantasque et poétique

Toujours aussi barré, comme en atteste "Tomorrow morning", Jacques Higelin a la voix un peu moins affirmée. Sa fougue semble elle parfois forcée. Mais on pardonne au chanteur qui sait aussi prendre des accents de vieux sage, comme dans "Pour une fois" où il exhorte à ne pas avoir peur de la vie…

Outre le bel hommage à Barbara ("Etre en vie, être là") et un morceau avec Sandrine Bonnaire ("Duo d'anges amoureux"), les chansons sont accompagnées de notes de piano, cuivres et cordes, leur donnant tour à tout des airs blues, rock et même bossa.

Bref, avec "Beau repaire", Jacques Higelin guide son public vers une des ses oasis fantasque et poétique qui n'appartiennent qu'à lui.

Écouter "Seul"

Shannon Wright livre "In Film Sound"

Souvent comparée à PJ Harvey ou Patti Smith, Shannon Wright livre "In Film Sound", un album plus sombre et percussif que jamais.

Cela commence dès les premières secondes de "Noise Parade", du rock abrasif, et continue avec des titres comme "Caustic Light" et "Tax the patients".

Outre son jeu de guitare caractéristique, sur les électriques "Mire" ou "Captive to Nowhere", l'ancienne Crowsdell offre des morceaux plus calmes et introspectifs, comme "Who's Sorry Now?" ou "Bleed", qui rappelle la collaboration avec Yann Tiersen en 2004.

Au final, ce dixième album riche et profond prouve que la très secrète fille de Floride gagnerait à être plus connue.

Ecouter "Bleed"

Juliette Galeazzi

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Les sorties en Suisse

Shannon Wright, "In Film Sound" (22 mars)

Flaming Lips, "Terror" (29 mars)

Carla Bruni, "Little French Songs" (1er avril)

Jacques Higelin, "Beau repaire" (1er avril)

Rokia Traoré, "Beautiful Africa" (5 avril)

Jean-Louis Murat, "Toboggan" (5 avril)

Phil Collins, "But seriously" (10 avril)

Michael Bublé, "To Be Loved" (12 avril)

Lara Fabian, "Le secret" (15 avril)

Vanessa Paradis, "Love songs" (13 mai)

Zaz, "Recto Verso" (13 mai)

Jamie Cullum, "Momentum" (17 mai)

Daft Punk, "Random Access Memory" (21 mai)

Lady Gaga, "ARTPOP" (annoncé pour le printemps 2013)

L'info musique de la semaine

Le nouvel album des Queens of the Stone Age, attendu pour juin 2013, aura entre autres pour invité Alex Turner, le leader des Arctic Monkeys, selon NME.

Pour "Like Clockwork", le sixième disque du groupe de rock américain, d'autres invités de marque sont annoncés comme Dave Grohl, Elton John ou Jake Shears, le chanteur des Scissor Sisters.

En novembre 2012, le groupe annonçait en outre la présence sur cet opus du bassiste Nick Oliveri qui avait été renvoyé en 2004 par Josh Homme après avoir appris qu'il battait sa compagne.