IAM de retour aux fondamentaux et Lara Fabian de retour de Russie

"Nous sommes des hommes libres, debout, et nos faits d'armes resteront dans les mémoires, sur nous même le temps s'effrite": la première phrase du sixième album d'IAM sonne comme un bilan, alors que le premier tube du groupe, "Je danse le mia" fête cette année ses 20 ans.

Et il est vrai que IAM est un groupe libre, qui ne quitte pas sa ligne, son rap revendicateur, mais sans haine. Akhenaton, Kheops et les autres, qui sont désormais d'alertes quadragénaires, reviennent aux fondamentaux après quelques aléas (changement de label, échec d'un projet de CD hommage à Ennio Morricone, désaccords et départ d'un des membres, Freeman).

Les pains au choc du p'tit Jean-François

En tête des ventes dès sa sortie, "Arts Martiens" offre 17 titres où les messages sociaux et les propos sur le racisme ordinaire ou les difficultés de quartiers à Marseille se succèdent. Mais on parle aussi avec humour de mutants, de martiens, de super-héros et de samouraïs.

Sur "Pain au chocolat", les "couplets maladroits pour faire peur au p'tit Jean-François" font référence au chef de l'UMP Jean-François Copé, qui a fait allusion à un gamin agressé dans la rue parce qu'il mangeait un pain au chocolat durant le ramadan.

Au final, IAM confirme son statut de groupe phare du rap accessible même à ceux qui ne sont pas amateurs du genre.

Le clip de la chanson "Les Raisons de la colère":

Le Forestier, un cadeau pas emballant

Poète atypique qui berce la chanson française depuis 40 ans, Maxime Le Forestier repart pour un tour avec un 15e disque, "Le cadeau". Sur dix chansons courtes - c'est pas un peu minimaliste? -, l'interprète de "Né quelque part" est fidèle à lui-même, plein de charme rétro, mais parfois un peu apathique.

Pour cet album, l'artiste de 64 ans s'est entouré de beaux noms, pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur, c'est "Le P'tit Air", une chanson sur la mort d'un ton badin écrite par son ami Julien Clerc. Le pire, c'est "La folie", un duo effectivement un peu fou avec Camille, mais qui tourne très vite à l'ennui.

Des beaux textes, pas de maison bleue

Si ce "Cadeau" n'est pas vraiment exceptionnel, il séduit néanmoins par ses paroles ciselées avec minutie: "Impasse des oiseaux", un voyage amoureux co-écrit avec l'acteur Jacques Weber, ou "La Bête Curieuse, sur une certaine presse qui a toujours faim, "oeil de lynx, langue de pute".

Moins contestataire mais toujours engagé, Le Forestier prouve aussi qu'il est encore capable comme personne d'aborder des sujets aussi sérieux que les parachutes dorés ou les clandestins sur un ton léger, presque espiègle. Mais le problème est qu'on lui demande toujours et encore l'impossible: réécrire un nouveau chef d'oeuvre comme "San Francisco"...

"Le Ptit air" de Maxime Le Forestier":

Lara Fabian revient de son exil russe

Huit ans qu'elle avait disparu de la circulation, du moins sous nos latitudes: après une parenthèse réussie en Russie (une rencontre avec le Goldman russe, 800'000 albums vendus et des concerts à la pelle), Lara Fabian tente un come-back dans le monde francophone.

Avec ce 10e album, baptisé "Le secret", la Canado-Belge à la voix tonitruante tente de surprendre avec 17 chansons moins convenues et davantage axées sur les paroles, qu'elle a toutes écrites.

A 43 ans, Lara ose même la provoc' en posant nue dans "Gala" alors que son CD arrivait dans les bacs: une action dénoncée comme une promo pour les uns et applaudie comme un acte de sincérité pour les autres...

Une chanson pour le mariage gay

Lara Fabian ancre aussi son CD dans une actualité brûlante en France: en plein débat déchirant sur le mariage gay, la chanteuse se positionne avec le single "Deux ils, deux elles". Homos et bis s'embrassent avec amour dans le clip, qui se veut un hymne à la tolérance.

Ce titre, qui rappelle la plus belle chanson de Lara "La différence", est certes plutôt réussi, mais il n'efface pas 16 autres chansons trop linéaires. Les paroles sont assez répétitives ("Un ange est tombé" 35 fois sur le titre éponyme) et les puissantes envolées sont définitivement trop assourdissantes ("Je t'appeeeeeeeeeeeelle" évoque "Je t'aiaiaiaiaiaiaiaiaime").

Le clip de "Deux ils, deux elles" de Lara Fabian:

Frédéric Boillat