L'équipe de "Drive" revient avec un nouveau film rouge sang

Vous avez aimé l'ambiance lente et électrique de "Drive", vous aimerez certainement "Only God Forgives", un film à la scénographie similaire, quoique beaucoup plus sanguinolente.

Ce long-métrage réunit le même réalisateur (Nicolas Winding Refn) et le même premier rôle (Ryan Gosling). Mais si "Drive" avait épaté Cannes en 2011, avec le prix de la mise en scène à la clé, "Only God Forgives" a divisé la Croisette, avec même quelques huées lors de la projection officielle.

Ce film ultra-violent n'a également pas convaincu le jury et son président Steven Spielberg et il a quitté le tapis rouge bredouille.

La bande-annonce de "Only God Forgives":

Ryan Gosling toujours aussi inexpressif

Le héros est l'impavide Julian (Ryan Gosling), tenancier d'un club de boxe thaï qui couvre un trafic de drogue. Il est chargé de retrouver les meurtriers de son frère abattu lors d'une crise de violence. Le tout est orchestré par la mère, une incarnation du mal jouée par une Kristin Scott Thomas vraiment surprenante dans ce rôle.

Julian se retrouve vite confronté à Chang (Vithaya Pansringarm), un flic à la retraite qui fait justice comme il l'entend, avec un sabre

Le combat entre un type qui se bat contre Dieu et un autre qui se prend pour Dieu donne un film à la tonalité rouge vif et à l'hémoglobine virvoltante.

"Attentat" en plein coeur de Tel Aviv

Tel Aviv, en Israël, une journée comme une autre qui vire au drame. Un attentat terroriste cause la mort de 17 personnes, dont 11 enfants, dans un restaurant. Un médecin appelé sur les lieux apprend que sa femme figure parmi les victimes. Peu après, on lui assure que c'est son épouse elle-même qui a actionné sa ceinture d'explosifs dans la foule.

C'est la stupeur pour Amine, un Israélien d'origine arabe avec de nombreux amis juifs. Commence alors une longue quête pour comprendre ce geste fou, avec en premier lieu un voyage délicat en territoires palestiniens.

"L'attentat", de Ziad Doueiri, est une adaptation du roman de Yasmine Khadra, un succès des librairies en 2005.

La bande-annonce de "L'attentat":

A coeur des tensions libano-israéliennes

Le cinéaste libanais Ziad Doueiri insiste pour préciser que ce film politique est tout d'abord axé sur la relation entre un homme et sa femme qui l'a trahi. Une belle femme aimante et aimée qui devient une terroriste, pourquoi?

Mais la réalité n'est jamais loin. Quand Amine se rend à Naplouse, en Cisjordanie, la tension y est palpable, la terroriste y est vue comme une héroïne, la violence éclate au moindre incident.

Ce film est interdit dans certains pays arabes car c'est une actrice israélienne qui interprète la terroriste palestinienne, ce qui a fortement déplu, et parce que Ziad Doueiri a tourné en Israël, ce qui est interdit aux Libanais.

Un jeune Suisse déjà chez lui à Cannes

La Suisse au Festival de Cannes version créole-portugaise, voici "Après la nuit"! Ce premier long-métrage de Basil Da Cunha, un jeune Suisse de 27 ans d'origine portugaise, a été présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs.

Et ce n'est pas une première pour ce diplômé de l'Ecole d'art et de design de Genève puisque ses deux premiers courts-métrages avaient déjà eu les honneurs de la grand-messe cannoise.

Dans "Après la nuit", le spectateur est plongé dans la vie sombre du bidonville créole de Lisbonne. Drogue, violence et insultes cohabitent dans ce microcosme étouffant mais aussi plein de vie.

La bande annonce de "Après la nuit":

L'iguane, la fillette et le marginal

La caméra se focalise sur Sombra, un marginal qui vient de sortir de prison. Seul et sans véritable ami à part un iguane en manque de soleil et une fillette à l'oeil rempli d'espoir, ce sosie de Bob Marley ne peut éviter un cumul des galères.

Criblé de dettes, il doit vite trouver du fric, mais entre un casse qui tourne mal, un deal peu efficace et des magouilles ratées, il ne peut se payer ce rêve utopique qu'est un changement de vie.

Un film sans gaieté donc, où la nuit est constante et oppressante, mais où ce ghetto lisboète finit par conquérir une sorte de poésie qui lui est propre.

Frédéric Boillat