Kanye West abandonne pour un temps son rôle de machine à tubes et sort, en solo cette fois-ci, un ovni nommé "Yeezus" (de Jésus et Yeezy, son surnom). Loin de "My Beautiful Dark Twisted Fantasy" (2010) et "Watch the Throne" (2011), Yeezus déroute et brouille les pistes.
Très électronique et s'interrompant constamment pour changer de registre en cours de route, l'album a le mérite de ne pas être calibré. Brut, sombre, abrasif, mêlant des acents new wave, punk, rock, et hip-hop, "Yeezus" est parsemé de cris et de coups de gueule. Un mélange à mille lieues des poncifs hip-hop.
Un album sombre et déroutant
Musclé et sombre, l'album l'est assurément quand on rencontre "New Slaves" et "Black Skinhead" avec leurs lignes de basse menaçantes. Mais "Yeezus" interpelle aussi, comme lorsque "Strange Fruit", une chanson des années 40 qui dénonce le lynchage des Afro-Américains dans le sud des USA (le "fruit étrange" étant les pendus), défile en fond de "Blood On The Leaves".
Si la méthode change, Kanye West reste fidèle à son image, provocateur et volontiers mégalomane: "I Am A God" ("Je suis un dieu") et ses cris de terreur le prouve. Un album qui refuse de se laisser écouter en musique de fond.
Alela Diane , folkeuse pur jus
Héritière directe de la vague folk des années 70, Alela Diane prend une nouvelle fois aux tripes avec "About Farewell", son quatrième album. Derrière une guitare sobre et une voix sincère aux accents d'Ouest américain, parfois un piano, une flûte ou quelques cordes s'invitent en toute sobriété.
L'album raconte notamment son divorce d'avec son mari et bassiste, Matt Bauer. "I heard somebody say that the brightest lights cast the biggest shadows, so honey I've got to let you go" ("J'ai entendu dire que les lumières les plus brillantes projettent les plus grandes ombres..."), chante la Californienne.
Un album des grandes plaines
S'il fallait une preuve que Alela Diane est "une folkeuse vraie de vraie, élevée en plein air et nourrie au bon grain", comme l'écrit le magazine "Les Inrocks", il faut voir ses modèles. "J'ai accroché sur Dylan, Joni Mitchell, Fairport Convention et beaucoup de Neil Young", confie-t-elle à "Ouest France". "Je chante, je joue de la guitare acoustique, je raconte des histoires, comme eux", ajoute celle qui a débuté avec "The Pirate's Gospel" (06). A vérifier sur le prenant "Lost Land".
Un album qui prend son temps, à écouter sur la route en traversant les grandes plaines US ou dans un rocking-chair.
Elodie Frégé sur un air coquin
Elodie Frégé se fait espiègle et sensuelle sur "Amuse bouches", un album "coquin", selon les propos de la gagnante de la Star Academy 2003 sur RTL. "Remets cent fois le couvert, envoie-nous en l'air", chante notamment la Française.
Enregistré à Miami avec des musiciens cubains et brésiliens, ce 4e album chaloupe et sent le soleil. Si elle écrit les textes de ses chansons et signe parfois, en vraie guitariste, des mélodies, Elodie Frégé a aussi repris "Tu veux ou tu veux pas", d'abord chanté par Brigitte Bardot, et "La fille qui fait tchic ti tchic" de Serge Gainsbourg.
Caryl Bussy
Les prochaines sorties
Medine, "Protest Song" (28 juin)
Arielle Dombasle, "Arielles Dombasle by Era" (28 juin)
Editors, "Weight Of Your Love" (28 juin)
Wax, "Continue" (28 juin)
Sophie-Tith, "Premières rencontres" (1er juillet)
Wu-Tang Clan, "A Better Tomorrow" (5 juillet)
Grey Skylar, "Don't Look Down" (9 juillet)
Hawthorne Mayer, "Where Does This Door Go" (12 juillet)
Pet Shop Boys, "Electric" (12 juillet)
Franz Ferdinand, "Right Thoughts, Right Words, Right Action" (23 août)
Mariah Carey, "The Art of letting go" (été 2013?)
Pink Martini, "Get Happy" (6 septembre)
Placebo, "Loud Like Love" (13 septembre)
Jack Johnson, "I Got You" (16 septembre)
L'info musicale de la semaine
Le tribunal de grande instance de Paris a débouté jeudi 12 "Clodettes", les danseuses entourant le chanteur Claude François ("Cloclo") dans les années 70, qui réclamaient 16'000 euros de droits pour la diffusion d'images de leurs célèbres chorégraphies.
La motivation du jugement n'était pas connue dans l'immédiat.
Aujourd'hui quinquagénaires ou sexagénaires, les plaignantes s'estimaient lésées alors que 35 ans après la mort du chanteur, disent-elles, leurs chorégraphies continuent de crever l'écran sur la TNT, qui rediffuse abondamment des images de l'époque ORTF, comme dans les multiples DVD consacrés à la légende de "Cloclo".
Les 12 danseuses - celles qui ont "le plus d'ancienneté" parmi la vingtaine qui se sont succédé aux côtés du chanteur de 1966 à 1978 - avaient assigné en février 2012 la Société de perception et de diffusion des droits des artistes-interprètes" en justice à Paris.
Elles réclamaient 16'000 euros chacune, à titre de provision, et une expertise pour vérifier le calcul de leurs droits.
Les danseuses, qui disaient avoir travaillé entre 5 et 10 ans pour le chanteur, se plaignaient de n'avoir touché que 100 à 300 euros par an de droits depuis 2010.
Les "Clodettes" en action sur "Belinda"