Une Annakin zurichoise au côté obscur sort son quatrième disque

Elle s'appelle Ann Kathrin Luethi, elle a 38 ans, elle est zurichoise et elle a choisi le pseudonyme interstellaire d'Annakin. Un "n" en plus et rien à voir avec son homonyme Darth Vador, si ce n'est un penchant musical ténébreux.

Encore méconnue de ce côté-ci de la Sarine, la native de Baden sort toutefois son quatrième disque solo, après avoir débuté sa carrière dans le groupe Swandive.

Confiant s'être inspirée de ses récents voyages en Angleterre et en Asie du Sud-Est, Annakin présente "Stand your ground", un disque de 11 chansons qui met en valeur aussi bien l'intensité de sa voix qu'une certaine fragilité.

Rites funéraires et carillons nocturnes

Dans ses compositions, Annakin évoque l'amour ("Sting of love", "Tell me my love") mais nettement plus fréquemment sa face sombre, mystique, envoûtante. En témoigne le lancinant et captivant "Something of the night", inspiré des rites funéraires du delta du Mékong.

Il en résulte une pop pleine de contrastes, de la rythmique légère au tempo puissant, des cors aux carillons, des balades en plein jour aux errances nocturnes. Mais toujours avec l'esprit décalé qui émane de la pochette du CD. Si quelques mélopées s'avèrent répétitives, comme le single "The bigger picture", l'ensemble reste agréable.

Le clip de "The bigger picture":

Warpaint, un quartet féminin planant

Envie de planer à 2 mètres au-dessus de votre canapé, loin du quotidien dans un nuage brumeux et accueillant? Warpaint, le singulier nom d'un quartet venu des chaudes plages de Los Angeles, vous propose les 12 titres qu'il vous faut.

Amies d'enfance, Emily et Theresa unissent leur voix et leur guitare, accompagnées par Jenny Lee à la basse et Stella à la batterie, pour servir sur un plateau sensuel un deuxième album, qui est sobrement intitulé Warpaint.

Une musique cosmique ou léthargique?

La première piste instrumentale, "Intro", lance sur 2 minutes ce que sera l'atmosphère du CD: un rock psychédélique minimaliste et mélancolique. Assurément influencé par Portishead, Tricky ou même The Cure, Warpaint est soit servi par des voix sexy et des instruments discrets, soit par de longues parties instrumentales.

En témoigne le single "Love is to die" qui, après une ennuyeuse intro noirâtre, lance un refrain qui hérisse le poil par son intensité. D'autres titres ("Drive", "Son") partent peut-être trop loin dans les envolées hypnotiques pour attirer un large public.

Au final, Warpaint mérite assurément plusieurs écoutes pour accrocher, car au premier abord, on hésite entre musique cosmique ou léthargique.

Le clip de "Love is to die":

Yoann Fréget, de The Voice à l'anonymat

Un petit Frenchy de 27 ans qui s'essaie aux rythmes funk et soul dans sa langue maternelle, qui ose le gospel là où ses contemporains préfèrent le hip-hop, la promesse était de taille. Mais Yoann Fréget peine à tenir la distance.

Grand gagnant de la deuxième saison de The Voice, Yoann Fréget sort son premier disque, "Quelques heures avec moi" au moment où le télécrochet de TF1 entame son 3e round, et pourrait lui fai-re de l'ombre aux dires de certains.

Car il se dit que TF1, tout comme un certain public, reproche au Montpelliérain son manque de charisme et un côté ringard voire totalement lisse...

Une Belle et une Bête pour surnager?

Le problème de Fréget n'est assurément pas sa voix, timbre agréable et engagement généreux, mais vient des mélodies, sans tonus ni originalité, et surtout des paroles (comment peut-on encore baptiser une chanson "Couleurs Love"?).

Restent la sincérité des paroles de "Les mots qu'on ne peut pas dire", sur les souffrances de son bégaiement ou "Sauras-tu m'aimer", qui est la B.O. du film "La Belle et la Bête" (avec V.Cassel et L.Seydoux), qui pourrait attirer le public en février et relancer Yoann.

Mais cela semble mince pour que ce jeune artiste ne rejoigne pas la longue liste des anonymes du télécrochet.

Le clip de "Sauras-tu m'aimer":

Frédéric Boillat