Lykke Li, la mystique Suédoise qui éclipse Yannick Noah

Magnétique, cosmique, torturée, astrale, ténébreuse, les adjectifs ne manquent pas pour qualifier Lykke Li. Cette talentueuse chanteuse Suédoise sort un troisième disque rempli d'idées noires pour rebondir après une étonnante ascension.

L'artiste au patronyme déroutant a en effet été propulsée presque malgré elle au firmament en 2011 quand le fameux "I follow rivers" remixé par un DJ belge est devenu un tube grâce à son refrain aussi envoûtant qu'obsédant.

La Nordique de 28 ans n'a pas voulu en rester là et a puisé dans ses brûlures et déceptions pour concocter "I never learn", un CD sombre mais pas larmoyant.

Ecoutez "I never learn":

Une pop/folk à l'esthétique mystique

Si la pop/folk planante de Lykke Li s'égare parfois dans de kitsch envolées, les neuf titres révèlent une jolie maturité. Dès la première chanson, du reste la meilleure, "I never learn", on s'évade dans cette esthétique mystique. Une tonalité qui se marie à merveille avec un timbre et un débit doux.

La chanteuse explore ses colères et déceptions amoureuses et nous transporte vers des horizons lointains. Mais elle ose aussi la sobriété sensible avec pour seuls outils sa guitare et sa voix (à l'image du superbe "Love me like I'm not made of stone"). Et si un mot résumait cet album certes pas très guilleret, ce serait majesté.

Aurélie Cabrel, fille de qui assume

Après Matthieu Chedid, Thomas Dutronc ou la fratrie Higelin, voici Aurélie Cabrel. Comme pour les autres, on se demande si la fille de Francis va réussir à percer ou rester dans l'anonymat.

Après un premier essai passé inaperçu en 2011, la jeune femme de 28 ans sort "A la même chaîne", un douze titres qu'elle a co-écrit. Une sonorité rock et des paroles plutôt bien senties accompagnent une voix grave et profonde.

Assumant sa filiation sans en faire une priorité, Aurélie évoque la vie, les rapports humains et évidemment l'amour. Un peu comme papa, auteur de certains des plus beaux titres du genre.

Ecoutez "Bref, s'aimer":

Un joli cadeau de Grand Corps Malade

Pétillante et séductrice, Aurélie Cabrel susurre ses ballades avec conviction et on est vite emporté. A l'image du nostalgique "C'est pourtant pas le paradis".

Et Francis n'est jamais loin, lui qui a écrit trois titres, dont le single "Bref, s'aimer", avec un refrain aussi réussi qu'entêtant. L'artiste conclut d'ailleurs le CD sur un hommage à papa, "Je ne suis pas jalouse" (...de ceux qui me piquent mon papa pour ses concerts).

Bref, un disque fort plaisant même s'il manque peut-être le titre qui propulsera la jolie brune au sommet. Sera-ce "A quoi tu rêve", le cadeau fort bien conçu par Grand Corps Malade?

Yannick Noah, un combat "gélatineux"

Pour son 10e disque, Yannick Noah a choisi pour intitulé "Combats ordinaires" à l'image du génial bédéiste Manu Larcenet pour sa série corrosive et pertinente sur la société d'aujourd'hui. A l'inverse de la colère sobre et bourrée de bons sentiments de l'ex-tennisman.

Optimisme et tolérance ont toujours marqué Noah, sa musique et sa personnalité. Mais la fraîcheur sympa des débuts semble s'être totalement éteinte.

Et s'il reste une star adorée en France, la critique n'est plus du tout tendre, "Le Figaro" regrettant un "message sans substance" et "Le Nouvel Observateur" une "révolte gélatineuse".

Ecoutez "Ma colère":

Un album fade aux paroles toutes faites

Le premier titre marquant de cet album est "Ma colère", un pamphlet contre la montée du Front national en France qui aurait pu inspirer l'imagination de Noah. Mais la réponse de Marine Le Pen, qui a raillé une "musique d'ascenseur", n'est pas si loin de la réalité.

Le reste est du même acabit, avec des arrangements désuets et des paroles répétitives, toutes faites, sans saveur.

"On est autant coupables que ceux qu'on a jugés", "on abattra ces murs qui nous gâchent et nous freinent", "je n'aurai pas le temps de vivre infiniment, demain c'est maintenant", pitié Monsieur Noah, ne peut-on pas aller plus loin?

Frédéric Boillat