"Je suis en vie", la prise de conscience du samouraï Akhenaton

Un temple japonais, des cerisiers en fleurs, un volcan enneigé au loin, et un samouraï qui regarde le soleil se lever: la pochette de "Je suis en vie" en dit long sur le cinquième et dernier album en date du rappeur Akhenaton.

Ce samouraï, c'est Musashi Miyamoto, un guerrier redouté et réputé qui, un beau matin, prend conscience de la beauté des choses simples de la vie.

Eric Zemmour en prend pour son grade

Le leader d'IAM s'inspire de cet épisode mythologique pour délivrer un message quelque peu pessimiste mais jamais résigné sur la jeunesse actuelle. "Je possède, je dépense, donc je suis", regrette-t-il ainsi dans "A part les E" (euros)...

"Je suis en vie" propose pas moins de 19 titres. Akhenaton y parle de tous ses sujets de prédilection, de ses origines italiennes ("Oriundi") à la défense des femmes ("Souris, encore...").

La politique, bien sûr, n'est jamais loin. Dans "Etranges fruits", AKH égratigne le polémiste Eric Zemmour, pourfendeur de l'immigration. "Des sales vieux aigris zemmourifient notre oxygène", chante le rappeur marseillais.

Le MC marseillais innove aussi en déplorant que la "culture de la destruction" ait conquis le net ("Little brother is watching you"). "Je suis en vie", album essentiel à défaut d'être original.

Le clip de "Deuxième chance":

Retour de l'alchimiste Chapelier Fou

C'est un alchimiste, un musicien génial capable de transformer un amas de sons denses et hétéroclites en morceau mélodieux et enlevé: trois ans après le joli "Invisible", Louis Warynski, plus connu sous son nom de scène Chapelier Fou, sort un troisième album, "Deltas".

Malgré le succès grandissant, l'artiste venu de Metz reste fidèle au label indépendant "Ici, d'ailleurs...", qui avait édité son premier EP en 2009.

Mais Chapelier Fou reste surtout fidèle à son art et au style qu'il a façonné, nourrissant l'électro la plus contemporaine avec un héritage techno 90's et un vague parfum de musique tzigane.

Entre douceur en frénésie

"Deltas" s'ouvre avec "Pluisme", titre bizarre pour un morceau qui ne l'est pas moins. Bruits, grattements, tintements, distorsions: bienvenue dans le monde déjanté de Chapelier Fou.

Il faut attendre la suite, "Grand Arctica", pour retrouver le fameux violon du musicien. Tout au long de l'album, les vibrations des cordes du Messin alternent entre douceur ("Polish Lullaby") et frénésie ("Triads for Two").

Le single "Tea Tea Tea", "La Guerre des Nombres", avec son faux air de Moroder, et "Tickling Time", servi par la voix de Gérald Kurdian, sont les principales perles de cet album d'une rare beauté.

Le clip de "Tea Tea Tea":

Neil Young, après le divorce

Oscillant depuis près de 50 ans entre musique acoustique et électrique, Neil Young est un artiste inclassable, à la fois as du folk, légende rock et précurseur du grunge. Pour "Storytone", le Canadien s'entoure cette fois-ci d'un orchestre de cordes et d'un big band.

Cet album fait suite à la rupture entre Neil Young et sa femme, après 36 ans de mariage. Ce divorce imprègne le disque. Pour le reste, le rockeur se fait candide en chantant des odes à la voiture et à la sauvegarde de l'environnement.

A noter qu'une édition "deluxe" permet de profiter des dix chansons sans le côté grandiloquent de l'orchestre. Neil Young y interprète ses morceaux seul, accompagné d'une guitare, d'un piano ou d'un ukulélé.

Davantage que les versions originales, ces versions "nues" - presque des démos - mettent en valeur la voix fragile et haut perchée du chanteur. En quelque sort, elles sauvent le disque...

Le clip de "Who's Gonna Stand Up?":

Didier Kottelat