Rêverie musicale très aboutie comprenant un choeur d'enfants, un orchestre symphonique, des mélodies passant du jazz au rock, une trompette et un poème rappé qui nous emmène au fond du terrier du grand lapin blanc...
"Au pays d'Alice...", c'est l'album concept d'Ibrahim Maalouf, trompettiste touche-à-tout de génie, et d'Oxmo Puccino, rappeur français singulier.
Invités tous deux en 2011 au festival d'Ile de France sur le thème du merveilleux, les deux compères imaginent un spectacle musical qui adapte le fameux conte de Lewis Carroll. Une merveille désormais gravée sur CD.
Images détournées avec délice
La force de l'album réside dans l'esthétique musicale au croisement des sonorités, mais aussi dans le texte revisité d'Oxmo Puccino. Le logicien et linguiste Lewis Carroll n'aurait pas renié les images que détourne le musicien.
Au cours des 12 chapitres apparaissent le lapin blanc, la chenille "fumant son narguilé" ou la reine de coeur qui "cherche quelques têtes à couper".
Tapis musical jazz brodé de marimba et flûte (La course au caucus) ou de la fine trompette d'Ibrahim Maalouf (Jamais quand il faut, Partie de croquet), l'enchantement prend de l'ampleur et on glisse au travers avec délice.
Ibrahim Maalouf et Oxmo Puccino interprètent "La porte bonheur" en live:
L'adolescence attardée des Pumpkins
On est loin de la poésie lyrique et de l'élégie dont se réclame le 10e album des Smashing Pumpkins, "Monuments to an Elegy". Les textes du chanteur et guitariste Billy Corgan, 47 ans, sont restés bloqués à l'adolescence, tant au niveau de la forme que du fond. Le seul élément élégiaque est la voix plaintive du leader du groupe de rock américain, formé originellement en 1987.
Depuis leur retour à la scène en 2006, les Smashing Pumpkins n'ont pas réussi à retrouver le succès de leur début.
Les neuf titres, pour un total de 33 minutes, de "Monuments to an Elegy" ne font malheureusement pas exception.
La touche électro qui fait bondir
L'album pop-rock ne recèle que peu de surprises et s'il y en a, elles sont de mauvais goût. Ainsi le titre "Being Beige", et ses synthés des plus kitsch, est tout juste sauvé par une rythmique plus originale que d'habitude à la batterie.
On atteint véritablement l'horreur lorsque le groupe s'essaie à l'électro sur "Run 2 me" ou "Dorian", passant en boucle des samples vulgaires, à la hauteur de ceux préenregistrés sur tous les synthétiseurs vendus en commerce.
Quelques titres dans un rock alternatif plus classique ("Tiberius", "One and all", "Monuments") ne suffisent pas à racheter un album insipide.
Le funk inattendu de Silk Rhodes
Le son funk des années 70 revisité à la sauce Baltimore? C'est le pari réussi de Silk Rhodes, du producteur Michael Collins et du chanteur Sasha Desree, qui signent un premier album éponyme sur le label de hip-hop et funk Stones Throw.
L'orgue électronique, la voix soul et sensuelle, la basse boogie, le tout sur une rythmique ralentie qui en fait son originalité, font des douze titres de l'album un objet de curiosité.
Mention spéciale pour "Pains", dont la voix réverbérée provoque des frissons, "Face 2 face" et ses sonorités post-disco ainsi que "Personal use" pour sa rythmique syncopée délirante.
Le clip de "Pains" de Silk Rhodes:
Sophie Badoux
Les sorties CD
Dylan Gardner, "Adventures in Real Time" (6 janvier)
Archive, "Restriction" (9 janvier)
Megan Trainor (9 janvier)
Corson, "Rainbow" (12 janvier)
Jazmine Sullivan, "Reality Show" (13 janvier)
Kate Edmonson, "Big Picture" (16 janvier)
Charlie Winston, " Curio City" (23 janvier)
Papa Roach, "FEAR" (23 janvier)
Nessi, "Rolling With the Punches" (23 janvier)
Mark Ronson, "Uptown Special" (26 janvier)
Rae Morris, "Unguarded" (26 janvier)
Alonzo (Psy4 De La Rime), "Règlement De Compte" (26 janvier)
Ne-Yo, "Non-Fiction" (27 janvier)
Charles Aznavour, "Nostalgia" (30 janvier)
Lulu Gainsbourg, "Lady Luck" (2 février)
The Charlatans, "Modern Nature" (6 février)
Kodaline, "Coming Up For Air" (6 février)
Scorpions, "Return To Forever" (20 février)
Madonna, "Rebel Heart" (6 mars)
Marc Almond, "Velvet Trail" (9 mars)
Yael Naim, "Older" (16 mars)
Dominique A, "Eléor" (16 mars)
Angelique Kidjo, "Sings" (24 mars)
The Prodigy, "Day Is My Enemy" (27 mars)
Marina & The Diamonds, "Froot" (3 avril)
Lana Del Rey, "Honeymoon" (14 août)
L'info musicale de la semaine
La fondation SUISA souffle ses 25 bougies. Depuis sa création en 1989, l'organisme d'encouragement à la création musicale suisse a soutenu la culture en versant plus de 36 millions de francs à différents projets.
Plus de 400 prix et une contribution au financement de 4100 projets musicaux. Tel est le bilan de la fondation d'utilité publique ces 25 dernières années, rappelle jeudi l'institution dans un communiqué.
Et de donner en exemple le prix de la fondation, doté de 20'000 francs et qui va chaque année à une catégorie musicale différente.
L'institution mène également des actions de promotion de la musique suisse, ici et à l'étranger. Notamment par la mise en place de stands dans des salons européens consacrés à la musique.