"Soumission", le nouveau livre de Michel Houellebecq, sort mercredi en librairie sur fond de polémique. L'intrigue se situe au second tour de la présidentielle française, en 2022. La frontiste Marine Le Pen se retrouve opposée à un candidat issu d'un parti appelé "Fraternité musulmane".
"C'est le plus mauvais livre de Michel Houellebecq", a affirmé mercredi sans ambage Sylvain Bourmeau, journaliste et producteur à France Culture, dans le Journal du Matin de la RTS. Il juge le dispositif littéraire mis en oeuvre "dangereux".
"Hypothèse invraisemblable"
Le critique, qui a été le premier à interviewer l'écrivain, reproche à "Soumission" d'être "un livre d'anticipation qui repose sur une hypothèse totalement invraisemblable, ce qui a pour effet de corrompre le projet aussi bien sur le plan littéraire que politique".
Si les artistes ont, selon lui, le droit de faire peur, "cela ne fonctionne pas et cela va susciter des effets délétères dans l'espace public".
Une "soumission" insidieuse
Plus nuancé, le journaliste de la RTS Jean-Philippe Schaller insiste de son côté sur la description de la "soumission" à un islam tolérant mais qui impose peu à peu insidieusement le port de pantalons ou de blouses plutôt que de mini-jupes aux femmes.
"Le héros, un professeur d'université, se convertit à la religion musulmane pour conserver son poste dans une Sorbonne rachetée par des Saoudiens, ce qui lui permet d'épouser trois femmes et d'assouvir sa libido", observe-t-il.
Un thème récurrent
Et de noter que chacun verra ce qu'il voudra dans "Soumission", un brulôt islamophobe ou un livre défendant le rôle historique de l'islam face à l'Occident décadent.
C'est "un grand thème chez Houellebecq" qui, note Jean-Philippe Schaller, "ne prend pas parti, ne décrie pas les jeunes de banlieues et décrit même une France apaisée après l'élection d'un musulman à sa tête".
jgal