"J'ai toujours détesté l'image des femmes et des homosexuels qui transparaissaient dans les dessins de Charlie Hebdo, comme j'ai détesté le fait qu'il publie les caricatures islamiques", a confié à Forum l'écrivaine et essayiste franco-canadienne Nancy Huston, présente mercredi soir au Palais de Rumine à Lausanne pour une lecture de son prochain roman, "Le club des miracles relatifs".
L'auteure ajoute encore que "c'est un humour qui trivialise, agresse, banalise, blesse et je n'ai sincèrement jamais vu l'utilité d'être bête et méchant. Je ne peux pas dire que ce sont mes valeurs, puisque mes valeurs sont exactement le contraire de ça."
"Embarquer jusqu'à la mort"
Connaisseuse des banlieues et de l'univers carcéral, Nancy Huston relève que "les garçons qui ont commis ces horreurs il y a quelques semaines étaient tous en difficulté bien avant de commettre leurs premières bêtises. La première bêtise a conduit à la prison; la prison c'est la meilleure école du crime (lire: Les prisons françaises, le passage de la délinquance au djihad? ).
Elle déplore cette situation. "On leur enseigne l'idée qu'ils ont été humiliés, si vous dites à un garçon qu'il fait partie d'une grande et belle tradition et qu'on a besoin de sa force et de sa virilité pour se battre et remettre cette belle religion à sa place et sa dignité qu'elle mérite. Le garçon va embarquer dans cette fiction jusqu'à la mort. Mais c'est nous, les Français, qui avons abandonné ces enfants-là."
lgr/Valérie Hauert