Plusieurs voix se sont élevées aux Etats-Unis contre l'adaptation par Clint Eastwood de l'autobiographie de Chris Kyle, un tireur d'élite de l'armée américaine devenu une légende lors de la guerre d'Irak.
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Le réalisateur Michael Moore s'est par exemple indigné du fait que le tireur "le plus efficace des Etats-Unis" soit dépeint en héros.
"Mon oncle a été tué par un sniper durant la Seconde Guerre mondiale. On nous a appris que les snipers étaient des lâches. Qu'ils vous tiraient dans le dos. Ce ne sont pas des héros (...)".
C'est du pur héros américain. Le type est un patriote psychopathe et on l'adore !
Quant à l'acteur Seth Roggen, il a dit sur Twitter qu'"American Sniper" lui rappelait les scènes de propagande nazie d'"Inglorious Basterds" de Quentin Tarantino. Il a ensuite précisé avoir tout de même aimé le film de Clint Eastwood.
Un tireur d'élite aux multiples "records"
Chris Kyle, incarné par Bradley Cooper, était le tireur d'élite le plus "efficace" de l'armée américaine, qui a revendiqué 255 tirs létaux (dont 160 officiellement confirmés par le Pentagone).
Surnommé "La Légende", il détient aussi le record de victimes en une seule bataille (40 combattants ennemis tués à Falloujah).
Dans son autobiographie, qui a inspiré Clint Eastwood, il dit ne regretter aucun de ses actes.
Chris Kyle a été abattu à bout portant en février 2013 par un jeune marine, qui n'a pas pu expliquer son geste. L'avocat de ce dernier craint d'ailleurs que le film ne donne une image trop "angélique" de Kyle et ne nuise à son client.
Film "manichéen"
Lors d'un débat de l'émission "Vertigo" mercredi sur les ondes de la RTS, le producteur et animateur Philippe Congiusti a déploré un film "complètement manichéen", sans contextualisation. "Ce sont les bons Américains face aux 'sauvages irakiens'", a-t-il regretté, reprenant un terme utilisé dans le film.
Pour la journaliste Raphaële Bouchet en revanche, "ce n'est pas une dénonciation ni une lecture géopolitique, mais le film montre la désillusion causée par la guerre".
"Message anti-guerre"
Clint Eastwood, dont les positions conservatrices sont souvent relevées, a toutefois affirmé son opposition à la guerre en Irak lors du lancement d'"American Sniper" en décembre.
"Le plus grand message anti-guerre qu'un film peut donner, c'est de montrer ce que la guerre fait aux familles et aux personnes qui doivent retourner à la vie civile, comme Chris Kyle l'a fait", s'est défendu le réalisateur de 85 ans à Yahoo News.
Une position relayée par Michèle Obama, l'épouse du président des Etats-Unis. "Ce film correspond à ce que les familles m’ont dit, à ce que j’entends lorsque je vais voir des mères de familles qui ont perdu leur fils ou vu leur mari revenir du front", a-t-elle déclaré.
Pour Gérard Delorme, critique cinéma du magazine Première, "American Sniper" n'est "pas un film de propagande réactionnaire", mais explore les mécanismes qui ont déterminé le personnage et ses opinions discutables.
jvia/mcc
Déjà un carton Outre-Atlantique
"American Sniper" est déjà un carton aux Etats-Unis, où il engrangé 90 million de dollars de recettes lors de son premier week-end d'exploitation.
Il s'agit du meilleur démarrage pour un film de Clint Eastwood, devant "Gran Torino", qui avait ramené trois fois moins de recettes sur la même période en 2009.
"American Sniper" est également nominé 6 fois aux Oscars, notamment dans les catégories "meilleur film" et "meilleur acteur".