Avec "Older", Yael Naim affirme sa force

Huit ans après "New Soul", un titre chaloupé auquel personne n'aura pu échapper en 2007/2008, Yael Naim revient grandie avec "Older". Si folk, pop et chanson répondent à l'appel, le texte se fait plus léger, la musique plus sautillante, la voix plus aiguë.

C'est qu'avec les années, l'artiste franco-israélienne a traversé de nouvelles étapes de vie fondamentales: la naissance d'un enfant et le deuil d'une grand-mère adorée.

"Cet album est marqué par la prise de conscience qu'on est éphémères et cela mène à deux extrémités: déprime et urgence de vivre", confie-t-elle.

Swing et complexité

"Older", de Yael Naim, prend par surprise dès les premières minutes ouvrant sur sa voix cristalline dans "Walk Until", un titre pop résolument entraînant, suivi d'un "Make a child", tendance suraigus et refrains à la Mika. Jusqu'ici rien d'époustouflant.

La révélation surgit au troisième titre, un "Dream in my Head" aux accents blues séduisant. Dans "Coward", la chanteuse explore la complexité de ses angoisses dans un genre quasiment religieux et en duo avec le pianiste Brad Mehldau.

Puis le swing revient avec "Walk, walk" où le folk flirte avec le gospel, et Yael Naim confirme son talent dans un très soul "Take me down".

Mark Knopfler sort "Tracker", son 8e album solo

Guitariste et chanteur du mythique groupe "Dire Straits", Mark Knopfler sort son 8e album solo, intitulé "Tracker". Le onze-titres accorde une large place au passé, dans le texte, la musique elle est d'inspirations diverses.

Seul le titre "Beryl", inspiré de la romancière anglaise Beryl Bainbridge, sonne résolument rock tel un écho au légendaire "Sultans of Swings". Pour les autres morceaux de l'album, le Britannique est plutôt allé chercher du côté de la country et du blues.

Car loin de Mark Knopfler l'idée de faire du neuf avec de l'ancien. "Tracker" parle du passé sans déjà-vu.

Des morceaux écrits sur la route

Dans "Tracker", Mark Knopfler parle plus  facilement de lui, semble davantage tourné vers le passé. "Copy boy at the Chronicle" rappelle par exemple son passé de reporter dans un journal local de Leeds. A 65 ans, le musicien nie toutefois être en proie à la nostalgie.

Cet album doit un lourd tribut à Bob Dylan, avec qui Mark Knopfler a effectué deux tournées entre 2011 et 2012. Sur la route, il a écrit deux morceaux, "Lights of Taormina", du nom de la cité sicilienne, et "Silver Eagle".

En mai, il reprendra la route pour une tournée qui l'amènera tout près de Genève, à Saint-Julien-en-Genevois.

Dominique A livre "Eléor" tout en douceur

Exit l'urgence rock et la colère incendiaire. A 46 ans, pour son dixième album "Eléor", Dominique A se fait plus doux. Apaisé, peut-être.

Sorti dans le contexte post-attentats de Charlie Hebdo, le très beau "Au revoir mon amour" n'en est pas moins d'une beauté déchirante, le texte lapidaire: "peut-être vaut-il mieux ne pas s'aimer qu'un jour ne plus s'aimer". La violence des sentiments n'a pas disparu du répertoire du chanteur français, elle n'est jamais très loin des flots, à l'horizon comme le confirment "Nouvelle vague" ou "Celle qui ne me quittera jamais".

Plus lyrique, plus sensible, le chanteur français nous embarque toutefois en voyage. Parfois pour la seule sonorité d'un nom de lieu, à l'instar de "Central Otago". Parfois pour le rêve telle une invitation: "Quand de tout vous serez lassés, juste un canal à traverser, rejoignez-moi à Eléor". Bref, du Dominique A qu'on aime.

Juliette Galeazzi