"Journal d'une femme de chambre", l'argenterie avant tout

"Journal d'une femme de chambre", du Français Benoît Jacquot, dépeint le quotidien peu enviable de Célestine, domestique au tournant du XXème siècle.

Fraîchement débarquée en province, la belle Célestine (Léa Seydoux), à l'âme irrévérencieuse et insoumise, voit se resserrer le carcan de son existence, entre les exigences teintées de sadisme de Madame, les avances de Monsieur et son attirance troublante pour le jardinier Joseph (Vincent Lindon).

Benoît Jacquot, très attendu sur cette nouvelle réalisation, signe une adaptation extrêmement fidèle du roman éponyme d'Octave Mirbeau, paru en 1900.

Quatrième adaptation au cinéma

C'est déjà la quatrième fois que le roman est porté sur grand écran, après une version russe en 1916 et les versions légendaires quoique moyennement fidèles de Jean Renoir, en 1946, et de Luis Bunuel, en 1964, avec Jeanne Moreau et Michel Piccoli en vedettes.

La révolte vaine, le sentiment d'étouffer et la nausée existentielle du roman s'incarnent ici en "mots" cinématographiques - plan serrés, perspectives tronquées, ruptures de plan violentes.

"Journal d'une femme de chambre" marque également les retrouvailles du réalisateur avec Léa Seydoux, deux ans après "Les Adieux de la reine".

Une "Suite royale" à Indian Palace

On se souvient du cortège de quiproquos d'"Indian Palace", en 2012: un groupe de seniors britanniques s'installent dans une résidence de Jaipur en Inde, pensant y couler une retraite aussi insouciante que luxueuse...

Ils déchanteront vite, devant l'état de délabrement avancé du bâtiment et le management amateur du jeune Sonny. La magie opérera malgré tout, grâce au charme de l'endroit et à la gentillesse de Sonny, auquel la piquante Muriel (Maggie Smith) va s'associer pour sauver l'établissement de la faillite.

C'est là que "Suite royale", réalisée par John Madden, reprend le fil.

Comédie-curry et mariage bollywoodien

Victime de son succès, l'hôtel Marigold affiche en effet complet. Muriel et Sonny décident d'ouvrir un deuxième établissement, et se rendent à San Diego pour rencontrer des investisseurs.

Ces derniers acceptent, informant les partenaires qu'un inspecteur anonyme évaluera le potentiel de leur projet.

Cet homme est-il le nouvel arrivé, le séduisant Guy (Richard Gere)? Sonny, persuadé, multiplie les efforts pour l'impressionner, alors même que Guy n'a d'yeux que pour la mère de Sonny. Complications, ruses et mariage bollywoodien à la clé! Une comédie légère et efficace, à déguster comme un curry.

"Métamorphoses": Ovide ici et maintenant

L'histoire d'Io, séduite par le roi de l'Olympe et transformée en génisse pour échapper à la colère d'Héra? Pour la plupart, un écho lointain de la mythologie gréco-romaine. Sauf pour Europe, une ado qui, à la sortie du lycée, est abordée par le mystérieux camionneur Jupiter, qui la charme avec ses récits.

Dans "Métamorphoses", le Français Christophe Honoré transpose dans la France contemporaine l'oeuvre poétique d'Ovide (l'histoire des dieux et des hommes jusqu'au Ier siècle après J.-C.)

Dans des récits croisés et enchâssés, Europe découvrira les intrigues divines, les transformations et la sensualité.

Katharina Kubicek