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Sufjan Stevens, funambule des souvenirs, chante sa mère disparue

Sufjan Stevens joue de plusieurs instruments, avec une préférence pour le banjo.
Sufjan Stevens joue de plusieurs instruments, avec une préférence pour le banjo.
Pour vos oreilles cette semaine, des odes délicates à une relation mère-fils compliquée par l'Américain Sufjan Stevens, une nouvelle ruade électro-punk par The Prodigy, et la maturité confirmée de la soul de Selah Sue.

Depuis plus de 15 ans, Sufjan Stevens tisse le canevas fantastique de son oeuvre: dans ses chansons tout comme dans sa vie, la réalité s'entrelace d'images fantasmées et d'histoires anciennes, tirées de la mythologie biblique, gréco-latine ou américaine.

A l'orée de ses 40 ans, le natif de Detroit n'est pas près d'abdiquer le droit à sa délicate réalité parallèle. Eternel enfant en baskets et casquette, il l'affirme avec une conviction intacte dans "Carrie & Lowell".

Enfant, il l'est d'autant plus que le titre de l'album évoque sa mère Carrie, décédée, et son beau-père Lowell.

Mère et fils, entre amour et confusion

Carrie - schizophrène et polytoxicomane - ayant quitté sa famille quand Sufjan avait un an, le fils la retrouve durant trois étés, lors de vacances en Oregon.

Le ton de "Carrie & Lowell" est toutefois loin d'être sentimental: écartant toute sophistication (guitare sèche et piano, enregistrements "maison", voire depuis un smartphone), les 11 titres finement interprétés ne font pas l'impasse sur les blessures et la confusion de la relation mère-fils.

Idées noires, regrets, violences, hôpitaux, incendies, sang: "Ce n'est pas un projet artistique, c'est ma vie", affirme Stevens au magazine Pitchfork. A découvrir dans son ensemble donc, en pages aigres-douces d'un journal intime musical.

The Prodigy n'a pas perdu ses dents

Les Britanniques de Prodigy, parrains de la Rave, font un retour remarqué avec "The Day Is My Enemy". Six ans après "Invaders Must Die", ce sixième opus montre des canines affûtées à la lime et trempées dans l'acide.

Car quand bien même ils agitent les scènes underground -puis "over-ground"- depuis plus de 25 ans, les trois quadras électro-punk sont toujours verts.

Les présentations sont faites dès les premières notes de l'album, sur les riffs de guitare agressifs de la chanson-titre, où Martina Topley-Bird (ex-Trickie) susurre les paroles empruntées à la chanson de Cole Porter.

Vindicatifs, à défaut d'être pertinents

Le non moins énervé "Nasty" prolonge la morsure, quoique sur un mode plus binaire. Le clip de la chanson, mélange de vidéo et de cartoon, met en scène un renard rouge poursuivi par des chasseurs, jusqu'à ce que ces derniers se transforment à leur tour en renard.

Avec l'énergie d'adolescents en rébellion, le trio tend le micro à des congénères aussi vindicatifs qu'eux. "Ibiza" invite les punks lo-fi de Sleaford Mods et leurs diatribes aigries, alors que "Rubber Bomb" donne carte blanche au jeune DJ Flux Pavilion.

On passera rapidement sur le très bourrin "Destroy", mais on s'attardera sur le clip animé de "Wild Frontier".

Selah Sue se confirme dans "Reason"

Avant de sortir son premier album, qui porte son nom, la chanteuse soul Selah Sue avait déjà ses inconditionnels: elle avait réalisé en 2010 les premières parties de Prince, Keziah Jones et du rappeur Patrice.

Deuxième opus de la jeune Belge, "Reason" mixe ballades acoustiques, disco, trip-hop, voire rap. Sa voix rocailleuse et nuancée fait de Selah Sue une soeur spirituelle d'Amy Winehouse.

Plus électro que son album de 2011, "Reason" pourrait bien être celui qui propulsera la chanteuse dans les charts outre-Atlantique. A noter encore son passage au Caribana Festival au-dessus de Nyon (VD) le 6 juin.

Katharina Kubicek

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