C'est l'histoire d'un petit gars ...
Icare, un petit enfant de 9 ans, est élevé par sa mère alcoolique qui le surnomme "ma courgette". Lorsque celle-ci meurt par accident, il se retrouve dans un foyer, où il rencontre une petite troupe d'enfants abandonnés : Simon, Ahmed, Jujube, Alice et Béatrice. Ils ont tous leurs histoires et sont un peu comme lui : parfois durs au dehors, mais tendres à l'intérieur.
Les contes sont parfois cruels, mais pas l'histoire de "courgette", qui est plutôt un récit initiatique vers la résilience, plein de tendresse et d'humour. Un film d'animation pour enfants qui s'engage dans le réalisme et la justesse du récit.
La magie de la technique "stop motion"
Pour réaliser ce film, un vrai travail de fourmi a dû être réalisé grâce à la technique du "stop motion", à la frontière entre l'animation traditionnelle et les prises de vues réelles des films de fiction. Une technique qui consiste à animer les marionnettes image par image, mais surtout un travail titanesque et extrêmement minutieux, qui permet de produire seulement vingt seconde utiles d'animation par jour.
Pour son premier long-métrage, le réalisateur valaisan Claude Barras a voulu adopter une esthétique proche de l'illustration pour enfants, très stylisée. Les petites marionnettes articulées offrent une "réalité décalée", plus dépouillée et forte. Le réalisateur suisse a été fortement inspiré par le génie de Hergé : la simplicité au service des émotions.
Plus le style graphique d'un visage est simplifié, plus le lecteur peut y projeter d'émotions et s'identifier avec lui.
Une production titanesque
Dix mois de tournage ont été nécessaires pour réaliser ce long-métrage, basé sur le roman "Autobiographie d'une courgette" de Gilles Paris (Ed.Plon). Dix animateurs spécialisés dans la technique du "Stop-Motion" ont travaillé simultanément sur quinze plateaux différents.
"Ma vie de courgette" est un cas plutôt rare, car il s'agit du deuxième long-métrage jamais réalisé par l'industrie helvétique, avec un budget plutôt modeste d'environ 8 millions de francs. Le premier long-métrage suisse d'animation, "Max & co" de Samuel et Frédéric Guillaume, n'a pas trouvé son public, malgré un budget de 30 millions de francs, soit le budget le plus important du cinéma suisse lors de sa sortie en 2007.
La journaliste RTS Laurence Froidevaux a glissé son micro dans les coulisses du tournage. Elle a rencontré Christine Polis, responsable des marionnettes, Elie Chapuis, animateur, et Kim Keukerleire, cheffe de l'animation. Elle a travaillé pour de grosses productions hollywoodiennes comme "Chicken Run" ou encore "Frankenweenie" de Tim Burton.
Après des mois de tournage et la fin des prises de vues, commence maintenant le travail de montage, de son et l'enregistrement de la musique de Sophie Hunger, qui signe la bande originale du film. Sortie prévue en 2016.
Miruna Coca-Cozma/Laurence Froidevaux
Le "stop motion"
Ce procédé a été utilisé pour la première fois en 1899 dans le film "Matches an Appeal" de Arthur Melbourne Cooper. Aujourd'hui il se voit concurrencé par les techniques d'animation en 3D, qui sont notamment plus faciles à mettre en oeuvre.