Mad Max, retour sur la saga culte

Grand Format

@Warner Bros 2015

Introduction

Genèse d'une trilogie

Maelström plein de bruit et de fureur, "Mad Max 1" remporte un succès planétaire en 1979. Deux suites, sorties en 1981 et 1985, complètent l’une des trilogies les plus cultes de l’histoire du cinéma contemporain.

Médecin urgentiste dans un hôpital de Sydney, George Miller décide de s’engager sur la route sinueuse du cinéma. Après un court-métrage très remarqué en festivals, il débute la production de son premier long, "Mad Max", en 1977.

Nourrissant son récit des accidents monstrueux qu’il a vu durant son expérience médicale, Miller envoie aux rétines des spectateurs mondiaux un déferlement ahurissant de tôle froissée et de violence morale. Un concentré d’adrénaline, sorte de western post-moderne, qui deviendra le film le plus rentable de son époque, avec 100 millions de dollars de recettes pour un budget minuscule de 350'000 dollars.

Un film devenu classique

" Mad Max 1" connaît, au moment de sa sortie en salles, en 1979, pas mal de problèmes d’interdiction. En France, le comité de censure lui appose un classement X, non pas pour pornographie, mais pour incitation à la violence. Cantonné aux circuits de salles érotiques, amputé de ses scènes les plus marquantes, le film ne sortira en version intégrale qu’en 1982, quelques mois avant que "Mad Max 2 – le défi" ne débarque dans les salles françaises.

Mad Max 2 - Univers post-apocalyptique

Une suite plus spectaculaire qui impose une esthétique post-apocalyptique si singulière qu’elle sera maintes fois copiée. Pour beaucoup, ce second épisode surpasse l’original et sera classé par le New York Times parmi sa liste des 1000 meilleurs films de tous les temps.

Mad Max 3 - Des airs hollywoodiens

En 1985, George Miller achève sa trilogie avec "Mad Max 3 : Au-delà du dôme du tonnerre". Un troisième volet qui déroute les fans de la première heure par son aspect moins furieux et plus hollywoodien. Reste que la trilogie a durablement marqué l’histoire du cinéma contemporain.

Le monde de "Mad Max"

"Mad Max 1" imagine un monde au bord du précipice. Un monde qui chutera définitivement dans le second volet post-apocalyptique, hanté par la crise pétrolière de 1973, où deux tribus ennemies se battent à mort pour un peu d’essence. La civilisation reprend peu à peu ses droits dans "Mad Max 3" et l’humanité peut enfin rêver à un nouveau départ.

Dans un futur très proche, le monde est au bord du chaos. L’anarchie règne sur les routes sans fin, où le plus fort fait sa loi. Ce monde légèrement anticipé, qui n’est en rien de la science-fiction, c’est le nôtre en plus brutal et barbare. La frontière morale entre bien et mal, loi et chaos, force de l’ordre et criminels est devenue perméable. En sursis, l’humanité est déjà gangrénée par une violence qui la contamine entièrement. La civilisation résiste à un fil et cédera dans un second volet post-apocalyptique…

Mad Max 2, le western spaghetti

Quelques rescapés de la troisième guerre mondiale, organisés en tribus rivales, s’entretuent pour un bidon d’essence dans un désert à perte de vue. Voilà tout ce qu’il reste de nos civilisations dans "Mad Max 2", pur western spaghetti où une nuée de barbares motorisés tentent par tous les moyens de mettre la main sur le gisement de pétrole protégé dans un fort Alamo par une communauté de pionniers baba-cool.

L'humanité se reconstruit dans Mad Max 3

Désert toujours dans "Mad Max 3". Mais à Bartertown, la ville du troc, la civilisation se reconstruit peu à peu, à mi-chemin entre l’ouest des pionniers et la Rome antique. Pour canaliser la violence, on a réinventé les jeux du cirque. Une arène des temps futurs où les gladiateurs s’affrontent à mort devant l’impératrice Tina Turner.

L'univers de Mad Max 3
Info en vidéos - Publié le 14 mai 2015

Puis, sans crier gare, "Mad Max 3" quitte le western et le film d’action pour bifurquer vers une oasis originelle, sorte de Neverland de Peter Pan. Avec, au bout du chemin, une humanité prête à se reconstruire dans les fondations nouvelles d’une église.

Mel Gibson, de Max Rockatansky à Mad Max

Mel Gibson n' que 23 ans lorsqu'il devient une star internationale, grâce à son rôle dans "Mad Max".

Au cœur de la saga, l’évolution du personnage s’affirme comme une allégorie du monde qui l’entoure. De Max Rockatansky, flic au bord de l’abîme, il devient Mad Max, anti-héros cynique et taciturne.

Dans le premier volet de la saga, l'acteur américain incarne un flic redoutable,qui refuse de se laisser aspiré par la spirale de la violence. Jusqu'au jour où un drame terrible bouleverse sa vie.

>> Extrait de "Mad Max 1" (1979) de George Miller. :

Mel Gibson dans Mad Max
Info en vidéos - Publié le 13 mai 2015

Anti-héros solitaire

Dans "Mad Max 2 ", Max est le guerrier de la route. Un charognard cynique qui a perdu son nom comme sa foi en l’être humain. Jouant sur l’archétype du anti-héros solitaire, tel que Clint Eastwood l’a incarné dans les westerns de Sergio Leone, Mel Gibson n’a que 16 lignes de textes pour l’ensemble du film. Ce qui ne l’empêche pas de retrouver, un semblant d’humanité pour devenir une figure de légende.

Figure biblique pour un destin messianique

Dans " Mad Max 3 ", après un rapide combat de gladiateurs dans le dôme du tonnerre, il est exilé, puis recueilli par un groupe d’enfants sauvages qu’il guidera vers la terre promise. Un destin messianique qui tire le personnage vers la mythologie et la fable biblique. Tel un cowboy solitaire qui continue à errer dans le désert, en quête de son foyer.

Mel Gibson, tel un messie dans Mad Max 3.

Des cascades bien réelles

La saga"Mad Max" a su instaurer un côté spectaculaire dans les scènes d'action. Les voitures explosent dans des crash frontaux impressionnants, les courses poursuites paraissent interminables, les scènes d'action sont tournées avec de vrais cascadeurs et de vraies voitures.

Tournés "à l'ancienne", sans trucages informatiques possibles, les trois volets sont des références absolues pour tous les cascadeurs.

Passionné par la trilogie de George Miller, Cyrill Raffaelli, cascadeur professionnel, acteur et chorégraphe de scènes d'action, a été fortement influencé dans son travail par cet univers. Habitué des productions de Luc Besson, il a joué notamment dans "Les rivières pourpres", "Banlieu 13" ou encore "Die Hard 4 - retour en enfer" avec Bruce Willis.

>> Cyril Raffaelli décrypte quelques cascades mythiques de la trilogie. :

Le cascadeur Cyril Raffaelli
Info en vidéos - Publié le 13 mai 2015

Les bolides de "Mad Max"

Filmé à toute vitesse au ras du bitume, les véhicules vrombissant et cabossés de la saga Mad Max sont pour beaucoup dans le culte de la série. Si, dans le premier volet, motos et voitures sont encore reconnaissables, "Mad Max 2" impose un festival d’engins customisés particulièrement démentiels. Des véhicules tout terrain un peu mieux conçus dans "Mad Max 3" , où l’aventure s’achève comme un western : avec un train à vapeur.

Ford Falcon bleu, rouge et jaune pour les forces de police. Honda et Kawasaki cabossées pour les hors-la-loi. Dans  "Mad Max 1", les véhicules sont encore reconnaissables, à peine modifiés.

Tout au plus la Ford Falco coupé v8, dite Interceptor, que Max chevauchera jusqu’au deuxième volet, frappe les esprits à cause de son turbo dépassant du capot avant.Le culte de la voiture est ici poussé à son paroxysme destructeur alors que les motos d’Easy Rider n’ont plus rien de la philosophie Peace and Love.

Dans "Mad Max 2", les amarres sont larguées. Les engins bricolés donnent lieu à un festival de métal customisé et tuné. Buggys encerclées d’armatures. Bolides de rallyes tout terrain. Le bestiaire motorisé de "Mad Max 2" prend des allures de carnaval dégénéré.

Si le rafistolage et la récupération restent encore présents dans "Mad Max 3", les véhicules sont désormais plus performants, plus sophistiqués, tel le quad de Tina Turner.

T’as le look "Mad Max"

Policiers bardés de cuir tendance SM. Nomades marginaux proche de l’état animal. Dès le premier "Mad Max", coiffures et costumes prennent une importance fondamentale. Plus outrancier, la suite impose une tendance tribale qui oscille entre le punk, le western et l’heroic fantasy alors que "Mad Max 3" emprunte au Moyen-Age et à la Rome antique avant de se conclure sur une tribu d’enfant renvoyant à un état de nature idéalisé.

Dans "Mad Max 1", l’uniforme fait furieusement penser à une milice martiale et fascisante. Quant au Fifi Macaffee, chef de la police, musclé, chauve et moustachu, il relève carrément de l’icône gay.

Du côté des hors-la-loi, c’est le grand écart entre aryens glabres et reliques de hippies. A la tête de ces nomades marginaux, un chef néandertalien à la coupe hirsute, mèche décolorée, et épaules couvertes de fourrures.

Les limites sont explosées dans le deuxième volet. D’un côté, des maraudeurs barbares en tenues de cuir fortement érotisées et crêtes iroquoises rappelant autant le mouvement punk que les indiens natifs d’Amérique. A leur tête, le grotesque Humungus, géant bodybuildé au slip de cuir clouté dont le visage restera caché par son casque de gardien de hockey.

>> Découvrez en vidéo le look des personnages dans Mad Max 2. :

madmax look
Info en vidéos - Publié le 14 mai 2015

Max, qui a gagné une mèche blanche, et son perfecto usagé, qui a perdu une manche, se rapprocherait plutôt du camp des charognards que des pionniers baba-cool couverts de peaux de bête et d’épaulettes dignes de footballeurs américains. Une communauté d’où émerge un enfant sauvage au boomerang métallique mortel, dernière touche apportée à la tendance tribale de "Mad Max 2" mêlant punk, western et heroic fantasy.

Dans le troisième épisode, une population hétéroclite convoque autant le cuir que les tuniques antiques ou les tenues médiévales. Accompagnée par ce qui pourrait bien être son eunuque, Tina Turner en robe en cotte de maille souligne encore les emprunts au Moyen-Age alors que Mel Gibson semble déjà se préparer pour Braveheart.

Et l'histoire de Mad Max continue...

Kennedy Miller Productions / Village Roadshow Pictures / The Kobal Collection

Crédits

Un décryptage de Rafael Wolf

Montage et réalisation : Rafael Wolf - Miruna Coca-Cozma

RTSInfo - Rédaction culture 2015