Chardeau, un chanteur qui ne manque pas de piquant

Chanteur et pianiste en activité depuis les années 80, Jean-Jacques Chardeau est un secret beaucoup trop bien gardé, même en France, son pays d'origine. Son nouvel album "Fauves & Pastels" devrait remédier à cet état de fait.

Le titre fait clairement allusion à un ancêtre de Chardeau, le peintre Gustave Caillebotte. Référence excentrique pour un chanteur d'obédience plutôt rock, mais qui convient bien au personnage.

Car le bonhomme est un vrai original: un physique et quelques influences musicales "polnareffiens", un amour inconditionnel pour le son californien sophistiqué et des textes soignés.

Un casting en forme de rêve vintage

Ces 12 portraits de femmes ("Ma psychiatre, je l'aime à la folie / ma psychiatre est folle de moi aussi", chante Chardeau d'un ton à peine ironique dans "Ma Psychiatre", par exemple) sont magnifiquement produits et joués.

Car, parmi les musiciens de "Fauves & Pastels", on trouve des pointures comme Jerry Goodman, le violoniste du Mahavishnu Orchestra, Robert Lamm, clavier chez Chicago, ou même Brian Auger, légende anglaise de l'orgue Hammond.

Chardeau a mis toutes les chances de son côté pour réussir un grand coup artistique avec ce disque, qui mériterait aussi un jolis succès commercial.

Le clip de "Ma Psychiatre"

Chardeau: "Ma Psychiatre"

My Morning Jacket soigne son habillage

Ce groupe de chevelus du Kentucky ne joue pas plus sur son physique que sur son habileté à aligner les tubes: quinze ans de route, six albums et une absence quasi-totale dans les charts.

C'est que la vérité de My Morning Jacket est ailleurs. Ce septième effort, "The Waterfall", est une auberge espagnole musicale. Une auberge anglo-américaine pour être plus précis.

Il y a des arrangements pop, des échappées atmosphériques ("Like A River"), du piano électrique jazz-rock, du gros son aussi, et l'inventaire à la Prévert pourrait continuer, mais l'essentiel est ici que la mayonnaise prenne.

Ambiance dans la cour des grands

Ce disque a toutes les chances d'être celui qui fera de My Morning Jacket, toujours dirigé par l'impeccable Jim James, l'un des très grands groupes américains actuels.

En termes de densité du propos (paroles et musique), on rangera "The Waterfall" aux côtés des productions de formations prestigieuses comme Wilco ou Spoon.

Même amour du travail bien fait, des mélodies qui s'incrustent petit-à-petit dans les têtes et les coeurs, et cette fois-ci un hit potentiel ("Big Decisions"), qui ne traduit en rien une baisse d'exigence. My Morning Jacket a rendu une copie presque parfaite.

My Morning Jacket joue "Big Decisions" dans l'émission d'Ellen DeGeneres

My Morning Jacket: "Big Decisions"

Grégoire nous raconte des fables

"Poésies de notre enfance", tout est dans le titre: pour son 4ème album, Grégoire met en musique des textes de Robert Desnos, Luc Bérimont ou Philippe Soupault, entre autres.

Mais c'est surtout Jean de la Fontaine qui se taille la part du "Lion et le rat", une des six fables du Maître présentes ici sur une vingtaine de textes, et ça n'est pas la plus connue!

Très sobre, Grégoire adopte un style mi-parlé mi-chanté, accompagné le plus souvent par un simple piano. Cette parenthèse en forme de disque pour enfants est en tous les cas plutôt réussie à défaut d'être cruciale.

Grégoire: Les Points Sur Les I"

Pierre-Yves Maspoli