Thomas Dutronc dit adieu au manouche et bonjour au pop-rock

"Tout est affaire de décor, changer de lit changer de corps. A quoi bon puisque c'est encore moi qui moi-même me trahis, moi qui me traîne et m'éparpille..." Ce poème de Louis Aragon lance "Eternels jusqu'à demain", le nouvel album de Thomas Dutronc.

Et le moins que l'on puisse dire, c'est que les paroles collent parfaitement à ce qu'est ce nouvel opus du fils de. Car Thomas change de décor en enregistrant son disque à Londres. Il change de corps en prenant un virage plus pop-rock. Mais comme l'admet le poème, c'est lui-même qui se trahit en s’éloignant des airs manouches qui l’ont rendu célèbre.

L’adieu au manouche sans guitare

"Eternels jusqu'à demain" contient dix titres, dont le joyeux "Allongés dans l'herbe" qui tourne sur les radios depuis quelques temps déjà, et qui illustre les nouvelles sonorités de Thomas Dutronc, avec sa batterie rythmée et sa guitare aux airs de western.

Thomas fait également un détour "Chez les yé-yé" comme un hommage à l'époque de son père Jacques, et glisse vers la chanson à texte avec "Croc madam".

Pour son 3e album, Thomas Dutronc prend donc un virage plus pop qui séduira sans doute de nouveaux auditeurs, mais pourrait décevoir les fans du "manouche sans guitare" des débuts.

Les Innocents de retour après 15 ans

Figures incontournables de la pop française des années 1990, les Innocents sont de retour pour un nouvel album, seize ans après le dernier. Le groupe emmené par JP Nataf et Jean-Christophe Urbain, riche de trois Victoires de la musique, revient avec "Mandarine".

Les nostalgiques du groupe ont déjà pu découvrir "Les philharmonies martiennes", un premier titre léger, folk, qui annonce un album dans la veine des quatre premiers, avec un phrasé atypique et des mélodies douces.

D'ailleurs, les dix titres de l'album semblent viser le même objectif: plaire à nouveau à leurs anciens fans.

Jongler entre légèreté et mélancolie

Dans leur nouvel opus, Les Innocents jonglent à nouveau entre légèreté et mélancolie. C'est frappant notamment dans "Love qui peut" et ses changements de tonalité emplis d'émotion. Idem pour "Harry Nilsson", un titre faussement rythmé au texte peu optimiste ("Bien longtemps que l'on attend, qu'on s'arme de patience, qu'on s'arrête à cran. Il pleut à bout portant.")

Aucun doute, Les Innocents sont bel et bien de retour et les fans réserveront un accueil soulagé à "Mandarine". Mais on regrette qu'ils n'aient pas tenté de moderniser un peu leur production pour séduire un nouveau public.

Florence & The Machine lâche sa voix

Pour son troisième album "How Big, How Blue, How Beautiful", la Britannique Florence & The Machine lâche les chevaux et propose 16 titres contrastés.

On saute d'un "Ship To Wreck" banal (trop proche de ses réalisations précédentes) à un "What Kind of Man" électrique avant de s'enthousiasmer sur de nouvelles tonalités dans "Delilah". Et on sombre définitivement dans la voix de la Britannique avec la ballade "St Jude" à la fois troublante et onirique.

Avec l'exploration de nouvelles pistes musicales, Florence Welch surprend agréablement son public. Sans doute son meilleur album jusque-là.

Victorien Kissling