"Je n'essaie pas d'être une star, seulement une musicienne", disait Amy Winehouse. "Mon côté destructeur fait 1 km de large. La célébrité, je n'y crois pas une seconde: ça me dérangerait et me rendrait folle probablement", disait en 2003 la Londonienne lauréate de six Grammy Awards.
Adolescence, débuts dans le jazz, gloire, puis descente aux enfers. Le 23 juillet 2011, à 27 ans, la Londonienne succombait à une alcoolisation massive. Quatre ans plus tard, un film raconte "Amy" en dévoilant de nombreuses images jamais vues, notamment des films de famille.
"Je n'écris que ce qui me touche personnellement" et "je ne peux raconter que des histoires vécues". Les titres phares que sont "Back To Black" et "Rehab" (désintoxication) prennent une autre dimension tout au long du documentaire.
"Les paroles des chansons ont été le fil conducteur. Dès lors que l'on connaît mieux Amy, ses textes revêtent une profondeur bien plus importante que ce qu'on pouvait croire", explique le réalisateur dans le dossier de presse.
Outre l'alcool et les drogues, le film met en lumière une autre pathologie, une boulimie chronique qui l'a très tôt considérablement fragilisée. Asif Kapadia montre aussi à quel point la passion amoureuse qui unissait la star et son époux Blake Fielder, toxicomane qui a mis à mal plusieurs tentatives de désintoxication du couple, a été destructrice.
A fleur de peau
Le film montre notamment son émotion et sa fragilité à la cérémonie des Grammy Awards en 2008, où elle a raflé 5 récompenses, lorsqu'elle entend son nom prononcé par son idole Tony Bennett (un duo avec le chanteur lui a valu son 6e Grammy posthume en 2012).
"A ma maman et mon papa, pour mon Blake incarcéré et pour Londres!", avait ensuite hurlé Amy Winehouse, alors en cure de désintoxication, révélant ses déchirures. Dès 13 ans, après le divorce de ses parents, la future star a été placée sous anti-dépresseurs.
Caryl Bussy
Un documentaire critiqué
Le résultat a été critiqué par sa famille, qui a jugé le film "trompeur" et assuré qu'il contient "des contre-vérités basiques".
Pourtant, Asif Kapadia - récompensé par le BAFTA du meilleur documentaire pour "Senna" (2011), sur le champion brésilien de Formule 1 - a réalisé plus d'une centaine d'entretiens pour étoffer le film.
Deux ans ont été nécessaires au réalisateur britannique pour que les proches de la star et sa famille acceptent de témoigner.