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Nils Frahm, le musicien qui transforme le Stravinski en cathédrale

Nils Frahm faisait mardi soir la première partie de Damien Rice. [Dominic Steinmann]
VD / Montreux Jazz Festival: le piano habité de Nils Frahm et la soul romantique de Sam Smith ont envoûté le public / 12h45 / 1 min. / le 8 juillet 2015
Mardi soir, Nils Frahm a captivé l'audience de Montreux avec ses créations, qui mêlent musique classique et musique électronique. Le compte-rendu d'un concert envoûtant.

Et puis il y a eu ce silence. Le silence d'un public venu pour un autre, soudain captivé par une musique inouïe pour certains, troublante pour d'autres, fascinante pour tous.

Un musicien architecte

Un mariage miraculeux entre sonorités acoustiques et analogiques, inflexions mélodiques et bourdons hypnotiques, nappes climatiques et ruptures plus sismiques. Une musique pleine qui s'élève de la scène jusqu'à des spectateurs respectueux comme rarement. Mardi soir, Nils Frahm a transformé le Stravinski en cathédrale.

Et puis il y a eu un cri. Un cri d'enthousiasme, pour un énième revirement musical, passage du piano classique au synthétiseur vintage, d'une mélodie minimaliste à un staccato marqué. Le poil qui se hérisse, le sourire qui se dessine, à contempler cette silhouette qui va d'un instrument à l'autre, à la façon d'un musicien devenu grand architecte d'un univers qui se bâtit sous nos yeux, industriel et poétique à la fois. Mardi soir, Nils Frahm a fait de la scène du Stravinski une étrange salle des machines.

Un moment rare

Et puis il y a eu les applaudissements. Et les mains levées vers le ciel, nues, sans smartphones. Un ultime morceau, les baguettes frictionnant les marteaux, le piano libéré ensuite et les projecteurs qui s'allument dans la salle, clignotent en réponse à ceux qui constellent la scène.

Une fois encore, la foule salue la performance, tandis que le musicien ose un timide merci en retour, humble et soudain si minuscules au milieu de ses machines. Mardi soir, Nils Frahm a donné l'un des plus beaux concerts de ce 49ème Montreux Jazz Festival.

Christophe Schenk

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