Ce nouveau pavé de 500 pages a été écrit par David Lagercrantz, auteur suédois qui a rédigé l'autobiographie du footballeur Zlatan Ibrahimovic. Il est publié par la maison d'édition suédoise Norstedts, celle-là même qui avait sorti la trilogie de Stieg Larsson.
Le livre décrit la suite des aventures de Lisbeth Salander, hacker surdouée, et de Mikael Blomkvist, journaliste d'investigation, avec en toile de fond l'Agence américaine de la sécurité nationale (NSA) et l'intelligence artificielle. Aucune autre information n'a filtré.
Aucune fuite sur le contenu
Pour éviter toute fuite, David Lagercrantz a travaillé sur un ordinateur sans internet et, pour les traductions, le roman a été livré par coursiers. Une multitude d'accords de confidentialité ont été signés. "On a vu la manière dont Sony Pictures a été piraté en 2013 et on ne voulait pas l'être", a expliqué la porte-parole de l'éditeur Linda Altrov Berg.
Côté médias, la communication a aussi été très contrôlée. Aucun entretien réalisé avec David Lagercrantz ne peut être diffusé avant le jour de parution. Et seuls quelques journalistes ont pu accéder à l'ouvrage. Se sentant muselé, le journal danois de référence Politiken a décidé de boycotter "Ce qui ne me tue pas". David Lagercrantz, lui-même ancien journaliste, a admis que la situation était "absurde".
Une "fausse" suite
Ce 4e tome a été écrit sans connaître les intentions de l'auteur, déplorent ses détracteurs. "On ne peut pas prétendre que tous les héros sont immortels", a clamé à la RTS Guillaume Lebeau, auteur notamment du livre "Le mystère du quatrième manuscrit" (2008), qui traite d'un véritable 4e tome qu'aurait rédigé Stieg Larsson avant de décéder prématurément d'une crise cardiaque.
L'écrivain suédois "n'a pas pu développer complètement la caractérisation de ses personnages et ne s'est jamais vraiment exprimé sur son processus de création". Ses héritiers ont longtemps assuré qu'il n'était pas envisageable d'écrire à la place de Stieg Larssen. David Lagercrantz a lui-même confié mercredi avoir été "terrifié" par l'idée de ne pas être à la hauteur du projet.
"Le pillage d'une tombe"
Tandis que des amis d'enfance de Stieg Larsson évoquent "le pillage d'une tombe", l'ex-compagne de l'écrivain Eva Gabrielsson dénonce une opération commerciale. Les survivants et l'éditeur ont souhaité "continuer à gagner de l'argent sur la franchise", renchérit la professeure de littérature Sara Kärrholm.
"Chaque maison d'édition publie des livres pour gagner de l'argent. Ce ne sont pas des entreprises de bienfaisance", a rétorqué Altrov Berg. En outre, David Lagercrantz n'a rien d'un "nègre qui a imité la voix de Stieg. C'est son livre à lui".
La question de l'héritage
Non mariée à Stieg Larsson, Eva Gabrielsson a été écartée de la succession, même elle a été sa compagne durant 32 ans. Elle n'a trouvé aucun accord avec les héritiers, le père Erland et le frère Joakim. Ceux-là assurent que leur part des recettes sera intégralement reversée au magazine antiraciste Expo, cofondé par Stieg Larsson. "Ce qui ne me tue pas" a été imprimé en 2,7 millions d'exemplaires dans 25 pays.
"Il n'existe pas de 4e tome de 'Millenium', c'est du plagiat!", dénonce pour sa part le conseiller administratif genevois et auteur de polars Rémy Pagani lors d'un débat avec le directeur général de Payot Pascal Vandenberghe dans l'émission Forum.
bri avec l'afp
Millénium, une saga littéraire
La trilogie "Millénium" de Stieg Larsson a remporté un succès mondial, avec 80 millions d'exemplaires vendus. Elle se compose de "Les hommes qui n'aimaient pas les femmes" (2005 en Suède), "La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette" (2006) et "La reine dans le palais des courants d'air" (2007).
La trilogie a fait l'objet de deux adaptations cinématographiques, toutes deux fidèles au texte original. La première est suédoise, comprend trois parties et est sortie en 2009. La deuxième est américaine et est aussi composée de trois films, mais seul le premier volet est sorti pour l'heure. Cette version hollywoodienne est réalisée par David Fincher ("Se7en"). Daniel Craig (James Bond) y joue le rôle du journaliste.
Des adaptations en bande-dessinée existent également. Une pièce de théâtre a aussi été mise en scène.