"Deux cavaliers sur la plage" de Max Liebermann et "La femme assise" de Matisse comptent parmi les cinq oeuvres de la collection Gurlitt qui ont été clairement identifiées comme des biens confisqués durant la période nazie.
Mais après deux ans d'enquête sur la provenance de cette impressionnante collection découverte en 2013 dans un appartement de Munich, constituée de quelque 1500 oeuvres et estimée à plus d'un milliard de francs, le bilan est jugé maigre par les spécialistes.
Doutes sur la légalité
"Je suis absolument convaincu qu'il y a bien plus de travaux qui doivent être restitués que ces cinq oeuvres qui ont pu être identifiées jusqu'à présent", assène Ralf Jentsch, auteur du catalogue raisonné du peintre expressionniste allemand Georg Grosz, dont une cinquantaine d'oeuvre se trouvent dans la collection Gurlitt. "En plus des Grosz, j'ai pu voir des oeuvres d'autres artistes, des travaux fantastiques... mais on ne sait pas si elles sont légales", regrette l'expert.
Rapport définitif en janvier
Il faudra attendre le mois de janvier pour connaître les résultats définitifs de la commission d'enquête. Mais l'Etat fédéral allemand a déjà tiré les conséquences de ces ratés en créant un nouveau centre de recherches pour l'art spoliés. Les moyens attribués à la recherche ont d'ailleurs passé de 2 à 6 millions d'euros.
"Ce qui est désormais important pour moi dans cette affaire Gurlitt, c'est d'instaurer la plus grande transparence et j'espère que nous pourrons mettre en ligne tous les résultats obtenus jusqu'à présent pour montrer que notre objectif, c'est de restituer le plus d'oeuvres possible", explique Monika Grütters, secrétaire d'Etat à la culture et aux médias.
Ce qui est désormais important pour moi dans cette affaire Gurlitt, c'est d'instaurer la plus grande transparence (...) Notre objectif, c'est de restituer le plus d'oeuvres possible
Héritiers dans l'attente
En effet, de nombreux possibles héritiers de ces biens ne savent toujours pas si des oeuvres appartenant à leur famille font partie de la collection Gurlitt... mais le temps presse et en l'absence totale d'information, la plupart d'entre eux ne peuvent pas faire valoir leurs droits.
Une partie de la collection Gurlitt doit rejoindre bientôt le Musée des beaux-arts de Berne. Mais toutes les oeuvres dont l'origine est suspecte resteront en Allemagne le temps d'éclaircir leur provenance. Un processus qui pourrait durer encore de très nombreuses années.
Anne Mailliet/jvia