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"Blackstar", le meilleur David Bowie depuis longtemps

David Bowie est enfin débarrassé de la tyrannie des formats pop. [Jimmy King]
David Bowie est enfin débarrassé de la tyrannie des formats pop. - [Jimmy King]
Si "The Next Day" célébrait le grand retour de David Bowie, Blackstar confirme aujourd'hui son goût du risque. Pour la première fois depuis 1.Outside, l’Anglais de 69 ans renoue avec l’avant-garde qui a fait sa légende.

David Bowie ose le grand saut du piédestal où il aurait pu confortablement vieillir. Dès le labyrinthique "Blackstar", titre inaugural de près de 10 minutes, le ton est donné. Nappes électroniques et sonorités jazz cohabitent, sans pour autant renier l’élégance pop qui caractérise le songwriting de Bowie. Le chant, quant à lui, est habité et hypnotique, entre textes cryptiques et psalmodies mystiques.

La suite conserve le même canevas, mais y ajoute des sonorités plus rock ('"is A Pity She Was A Whore, Sue (Or In A Season Of Crime)"), flirtant même avec le post-punk et la new-wave ("Lazarus"). Des sonorités familières, à chaque fois déconstruites et transfigurées, comme si Bowie revisitait ses classiques, en quête de nouveaux horizons.

Crooner post-moderne

Plus apaisée, la seconde partie de l’album voit l’Anglais revêtir les atours du crooner post-moderne, au service de mélodies planantes, comme en suspension, flirtant avec une transe magnétique. Les instrumentations se font plus dépouillées, rehaussées d’ornementations discrètes et précises, mais toujours aventureuses.

Enfin débarrassé du carcan du crooner et de la tyrannie des formats pop qui le retenaient trop souvent au sol depuis près de 20 ans, David Bowie retrouve l’élan créateur de ses plus belles heures, tout en conciliant ses passions électives. En tête, sa marotte la plus fidèle, le saxophone, son premier instrument, tenu ici par l'Américain Donny McCaslin, tel un fil rouge qui donne à ce 25ème album tout son relief.

Christophe Schenk

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