Le Grand Prix suisse de théâtre / Anneau Hans Reinhart 2016 a été remis par le conseiller fédéral Alain Berset au Théâtre de Carouge.
"Ce qui avait commencé par un atelier culturel à l'intention des handicapés mentaux est aujourd'hui une république libre: un concept esthétique radical, qui ne se laisse handicaper par rien ni personne", écrit l'Office fédéral de la culture.
Pour Anja Dirks, membre du jury, "Theater Hora" a réussi à changer la façon de voir le théâtre fait par les handicapés: "C'est leur ambition qui les différencient des autres troupes pour handicapés, l'envie de faire de l'art et pas seulement du travail social."
25 ans d'existence
Fondé en 1993, le théâtre Hora a pour but de promouvoir le développement artistique des handicapés mentaux. Depuis 2009, c'est également une école pour comédiens handicapés.
D'abord confinée aux scènes alternatives, la troupe a petit à petit réussi à se faire reconnaître sur les grandes scènes.
Jean-Marc Heuberger/vtom
"Disabled Theater", un succès mondial
Parmi les quelque 50 pièces produites par le Théâtre Hora, "Disabled Theater" est celle qui a connu le plus grand succès. Monté en 2013 par le chorégraphe français Jérôme Bel, la pièce a déjà été jouée 160 fois à travers le monde, de New-York à Séoul, en passant par Macao.
Selon Anja Dirks, ce spectacle de danse va entrer dans l'histoire, car pour la première fois les handicapés "n’incarnent plus des rôles mais font de véritables performances".
Des discriminations persistantes
Malgré le succès et les nombreux prix reçus, les acteurs du Théâtre Hora continuent à être beaucoup moins bien payés que les autres acteurs, regrette le directeur de la compagnie Giancarlo Marinucci: "Nous continuons à être considérés comme un atelier protégé. Les acteurs ne peuvent donc pas toucher le salaire qui correspondrait à leur travail, ils vivent donc essentiellement de leur rente".
Autre discrimination persistante: l'accès à la formation. "L’assurance ne reconnaît toujours pas un véritable droit à la formation pour les acteurs handicapés mentaux, pour cela nous devons continuer à nous battre", souligne Giancarlo Marinucci.