Selon Michèle Mercier, auteure de "La Suisse généreuse : Dans les coulisses de la chaine du bonheur" (2013, Editions Labor et Fides) et ex-dirigeante adjointe de la Chaîne du Bonheur, il existe historiquement "une culture du don en Suisse". D'après les expériences faites ces dernières décennies et, surtout, depuis la Seconde Guerre mondiale, "il est assez naturel de porter secours à ceux dans le besoin et cette solidarité semble s’être renforcée au fil des ans au vu des montants des collectes."
Couverture du livre de Michèle Mercier, "Une Suisse généreuse" (2013, Editions Labor et Fides).
-Comment expliquer cet altruisme ?
Parmi les éléments qui participent sans doute de cette culture du don, il y a le fait que la Suisse a historiquement été épargnée par les conflits, que c’est un pays privilégié. Les Suisses rendent ainsi aux autres pour équilibrer la balance, si j’ose dire. La majorité des gens se sentent redevables, mais de manière positive et non culpabilisante.
-Y'a-t-il d'autres éléments encore?
Un autre facteur tient sans doute à la traçabilité, à la transparence et à la visibilité du don effectué à la Chaîne du Bonheur à titre privé, individuel.
Il y a enfin une dimension liée aux origines médiatiques de la Chaîne du Bonheur qui a contribué à l’essor des dons en Suisse. Le fait que cette institution helvétique était d’abord un divertissement radiophonique, fait par des journalistes et animateurs, qui allait à la rencontre des gens a créé une proximité avec la population. Les gens se sont sans doute sentis moins intimidés que si la collecte émanait d’une institution ou organisme humanitaire.
C’est un trait original et novateur historiquement de la Chaîne du Bonheur par rapport aux Restos du cœur par exemple, même si celle-ci a été contrainte de se professionnaliser et se transformer par la suite en fondation vu l’importance des sommes récoltées.