La toile, baptisée "Judith et Holopherne", avait été découverte il y a deux ans dans un grenier près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France. Attribuée au peintre italien, elle a été estimée à près de 130 millions de francs. Mais certains remettent en cause son authenticité et son exposition à la Pinacothèque de Brera à Milan - l'un des musées les plus fameux d'Italie - provoque la polémique.
Un spécialiste "choqué"
"En tant que directeur de musée, je suis relativement choqué", réagit Philippe Costamagna, directeur du Musée des beaux-arts d'Ajaccio (Palais Fesch) en Corse. "Je ne l'aurais pas fait moi-même. Le tableau n'appartient pas à une collection publique, il est à priori en vente avec une valeur d'estimation extrêmement haute. Et ce n'est pas le rôle des musées d'aider à valoriser un tableau qui est sur le marché de l'art, surtout s'il s'avère ne pas être vraiment du Caravage".
Philippe Costamagna est "un œil": il fait lui-même partie de ces historiens chargés d'authentifier des œuvres d'art. Mais il reconnaît que sa science est loin d'être exacte. Il ne cache pas les désaccords, les contestations voire les pressions au sein de cette petite communauté. "Ce n'est pas facile de reconnaître les faux, c'est un acte de courage, ça peut être dangereux", affirme ce spécialiste qui reconnaît aussi la présence, parmi les "oeils", de personnes corruptibles même si "la plupart ne le sont pas".
Une valeur potentielle de 120 millions de francs
En l'état, le tableau n'a pas été définitivement attribué au Caravage. Seule certitude: l'œuvre date bel et bien du début du XVIIe siècle. Mais s'il s'avère un jour que c'est vraiment le peintre italien qui l'a peinte, sa valeur marchande dépassera les 120 millions de francs. Dans le cas contraire, elle vaudra tout de même encore quelques dizaines de milliers de francs, sa valeur artistique et historique n'étant pas remise en cause.
Pierre-Etienne Joye et Renaud Malik/oang