Pour un pays qui rêve de l'Europe, l'Eurovision représente l'occasion de montrer son attachement aux valeurs libérales et à la tolérance plus de vingt-cinq ans après la chute de l'URSS, dont elle faisait partie, et qui considérait l'homosexualité comme un crime.
Des associations de défense des droits de la communauté LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels et transsexuels) ont distribué des cartes de la capitale ukrainienne indiquant des adresses "gay-friendly" aux personnes venues assister à la finale de l'Eurovision, alors que les passages à tabac d'homosexuels par des militants ultranationalistes ne sont pas rares.
Malgré de récentes avancées, le pays reste à la traîne en termes de lutte contre les discriminations envers les homosexuels.
La longue route de la visibilité
Haut de 35 mètres, un immense arc en titane symbolisant autrefois l'amitié russo-ukrainienne et surplombant le fleuve Dniepr devait être repeint aux couleurs de l'arc-en-ciel, symbole de la fierté homosexuelle.
Mais le groupe ultra-nationaliste Pravy Sektor s'est vivement opposé à cette initiative, appelant ses militants à manifester contre. "Kiev n'est pas la capitale européenne des gays", a déclaré à l'AFP le porte-parole de ce mouvement, Artem Skoropadski.
Même colère du côté des orthodoxes: pour le père Féodossi de l'Eglise orthodoxe ukrainienne, si l'arc est repeint, il mettra en péril les valeurs du pays.
Il y aura des conséquences inévitables pour la nation entière si cette idéologie et ses pêchés sont diffusés partout grâce à un symbole aussi gigantesque.
Sous pression, la mairie de Kiev a ordonné l'arrêt des travaux et les couleurs de l'arc-en-ciel n'habillent qu'une partie du monument.
Malgré cela de nombreux groupes de défense des droits de l'Homme ont tout de même souligné le fait que l'Ukraine a pris plusieurs mesures récemment en vue d'une amélioration de la situation de la communauté LGBT.
Ainsi, le Parlement ukrainien a adopté dans la douleur un amendement au code du travail visant à interdire les discriminations envers les homosexuels, une mesure réclamée par l'Union européenne que Kiev souhaite intégrer.
afp/mcc
Situation politique tendue
Le Premier ministre refuse d'évoquer la possibilité d'une loi autorisant les mariages entre personnes du même sexe.
Pour sa part, l'ONG Human Rights Watch remarque qu'en 2017, "les sentiments anti-LGBT restaient forts parmi les hauts fonctionnaires d'Etat et la population".