On la dit imprévisible. Ses apparitions sont rares, les critiques les jugent en dents de scie, souvent retardées, parfois annulées.
Mercredi à l'Auditorium Stravinski, Ms. Lauryn Hill monte sur scène avec une demi-heure de retard. Coiffée d'une voilette noire, l'air grave, elle ouvre les feux avec "Everything is everything". La voix est puissante, habitée, mais l'Américaine semble chanter pour elle-même. Elle restera le plus clair du temps dans sa bulle, les yeux fermés, accrochée à son mouchoir.
Quand elle passe au rap, son débit soutenu impressionne. Ms. Lauryn Hill est intense, dans la diction et dans la posture. Mais elle dégage aussi une certaine nervosité, lorsqu'elle ajuste maintes fois son oreillette et fait des signes énervés aux techniciens.
Enchaînement de tubes
L'artiste a plus de 25 ans de carrière, mais n'a sorti qu'un seul album solo, "The Miseducation of Lauryn Hill" (1998), devenu un classique du genre soul/hip hop, et un album live acoustique en 2002.
Alors pas de surprise. Sur scène, elle égrène et revisite les tubes: "Ex-Factor", "Doo Wop (That Thing)", "To Zion"... le tout à un rythme effréné. Même lorsqu'elle reprend les voluptueux classiques de Sade, "Your Love is King" et "Sweetest Taboo", ou le joyeux "Can't Take my Eyes off of you" de Frankie Valli, c'est avec empressement.
Mais Ms. Lauryn Hill était aussi la prêtresse des Fugees, trio quelle formait avec Wyclef Jean et Pras. Et c'est leurs succès, symboles des années 90, que le public attend. Pourtant, "Oh la la la", "Ready or Not", ou "Killing me Softly with his Song"reçoivent un accueil timide.
Diva fragile
Ms. Lauryn Hill est assurément une diva, mais une grande voix qui parfois se brise.
En 2015, elle a participé à la bande originale d'un documentaire consacré à Nina Simone, où elle reprend plusieurs de ses morceaux. A Montreux, son interprétation tourmentée de "Feeling good", n'était pas sans rappeler son aînée, invitée sur la même scène des années auparavant.
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Jessica Vial