L'Académie a dévoilé mardi 5 septembre la première liste des quinze romans en lice pour la récompense la plus convoitée du monde littéraire. Une seconde sélection sera rendue public au Salon du Livre de Francfort le 11 octobre, ramenant la liste à huit titres.
Deux nouveaux venus atypiques
Ce qui fut jadis un club de vieux messieurs a non seulement rajeuni mais s'est aussi féminisé. C'est ce que relève Marie Dabadie, secrétaire administrative de l'Académie depuis 1998, qui participe à toutes les délibérations. C'est elle aussi qui organise et coordonne les différentes étapes aboutissant à la nomination du lauréat, la première semaine de novembre.
La seule salariée de l'Institution rappelle l'arrivée en 2016 de deux nouveaux membres relativement atypiques dans ce club des dix, Eric-Emmanuel Schmitt "qui, avec sa bonhomie et son sens de l'anecdote, a tout de suite pris le costume" et Virginie Despentes.
Une qualité rare: la timidité
Si Marie Dabadie prend très à coeur son rôle de gardienne du temple et de ses secrets, elle s'autorise néanmoins un commentaire sur la plus jeune et la plus rock des membres du Goncourt: "Ses fiches de lecture sont brillantes et Virginie possède une qualité rare pour l'époque: la timidité".
Gage de ventes
Au départ, Edmond Goncourt avait conçu son prix comme une forme de bourse. Il s'agissait de verser une rente aux écrivains qui en avaient besoin pour qu'ils puissent vivre de leur plumes. Aujourd'hui, le plus ancien et prestigieux prix littéraire est un gage de vente.
Jonathan Littell avec "Les Bienveillantes"; Michel Houellebecq avec "La Carte et le Territoire"; Pierre Lemaître avec "Au revoir là-haut" ont dépassé les 600.000 exemplaires. Jean-Christophe Rufin a même écoulé plus de 700.000 exemplaires de "Rouge Brésil".
L'exception Quignard
Il y a pourtant des exceptions. Pascal Quignard, par exemple, n'a vendu que 90.000 exemplaires de "Les Ombres errantes". Pour Marie Dabadie c'était prévisible. "Ce n'était pas un roman, mais plutôt une série de fragments. Il n'avait pas le profil du Goncourt et je me souviens que Jorge Semprun s'y était opposé". Il s'en était d'ailleurs expliqué publiquement, provoquant une de ces savoureuses polémiques sans lesquelles le milieu littéraire s'ennuyerait.
Nouveaux statuts plus transparents
Autre polémique récurrente, le Goncourt serait à la solde des trois maisons d'édition que sont Gallimard, Grasset et le Seuil. Marie Dabadie dément toute influence et, reprenant la liste des quinze romans retenus, en montre toute la diversité.
Dans la foulée, elle rappelle les nouveaux statuts de l'Institution qui interdit à ses membres d'être salariés par une maison d'édition.
Tous les jurés travaillent bénévolement avec, comme consolation, les fameux déjeuners au restaurant Drouant, tous les mardis.
mcm
>> Marie Dabadie sera à la Société de lecture, mardi 17 septembre, pour une causerie autour des coulisses du Goncourt.