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L'écrivain lausannois Philippe Rahmy est décédé à l'âge de 52 ans

Philippe Rahmy. [Yvonne Böhler]
L'écrivain lausannois Philippe Rahmy est décédé à l'âge de 52 ans / Le 12h30 / 1 min. / le 2 octobre 2017
Le romancier Philippe Rahmy s'est éteint dimanche soir à l'âge de 52 ans, a annoncé sa maison d'édition. Le Lausannois était atteint de la maladie des os de verre.

Philippe Rahmy, c'est ce tout petit bonhomme, avec ses lunettes rondes et ses chapeaux. Des bobs qu'il portait rivés sur la tête. Comme si le chapeau lui-même contenait le monde. Et son imagination à lui.

Germanique par sa mère, franco-égyptien par son père, Philippe Rahmy est né en 1965 à Genève. Atteint d'ostéogenèse imparfaite, autrement dit de la maladie des os de verre, le poète avait fait de l'écriture sa colonne vertébrale.

Une oeuvre reconnue

Et puis, il y avait sa chaise roulante et son corps fragile dedans. Mais cela ne l'empêchait pas de parcourir la planète. Il était revenu de Chine avec "Béton armé", un récit de voyage philosophique. Son oeuvre est immédiatement reconnue par le public. Il remporte notamment le prix Pittard de l'Andelyn en 2014 et le prix Michel-Dentan en 2016.

Puis arrive une jolie bombe, son roman "Allegra", qui remporte le prestigieux prix Rambert en 2016. Le roman raconte l'histoire d'une errance à Londres avant les Jeux Olympiques. Rahmy y évoque dans la chair des mots le terrorisme et le libéralisme économique. Lorsqu'on entendait Philippe Rahmy, on avait l'impression d'entendre son corps tinter.

Philippe Rahmy fut l'un des premiers invités des écrivains en résidence de la Fondation Michalski à Montricher. Il expliquait alors au micro de la RTS pourquoi il n'écrivait pas face à la beauté de la nature, là-bas, sur les contreforts du Jura, mais face au mur.

>> A écouter l'interview de Philippe Rahmy :

L'écrivain lausannois Philippe Rahmy. [RTS - Karine Vasarino]RTS - Karine Vasarino
Interview de Philippe Rahmy / Audio de l'info / 1 min. / le 2 octobre 2017

Un parcours unique

La fragilité de son corps, ses difficultés quotidiennes, il les évoquait avec humour, sans jamais s'apitoyer. "Je me blesse, je me soigne, je prends des forces et je repars. C'est une vie en forme de montagnes russes, avec des creux et des bosses", disait-il.

>> A écouter "Versus-Lire" avec Philippe Rahmy :

Philippe Rahmy [rahmyfiction.net - Bobi+Bobi]rahmyfiction.net - Bobi+Bobi
Philippe Rahmy: "Monarques" / Versus-lire / 48 min. / le 2 octobre 2017

"Nous sommes bouleversés, traversés par une tristesse qui est à l'aune de la joie de vivre et d'écrire qu'il nous a transmise depuis tant d'années. Merci à toi, Philippe", écrit la maison d'édition vaudoise les Éditions d'en bas dans un communiqué. Quelque chose se termine, mais quelque chose reste pour nous tous. Son dernier livre intitulé "Monarques" vient de sortir aux Éditions de la Table ronde.

Quelques heures avant sa mort, l'écrivain publie ces mots sur sa page Facebook:

"J'ai vaincu la mort à trois reprises: deux fois, je me suis sauvé moi-même, une fois j'ai ramené quelqu'un d'autre."Pardon pour l'Amérique", le 30.09.2017."

ats/pc/br/mg

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Hommage à l'auteur

Philippe Rahmy était un ami depuis ses premiers livres. On se perdait de vue quelques mois et on se retrouvait en se tombant dans les bras comme si on venait de se quitter. [...]Quand on parlait ensemble de littérature, d’amitié, de vie, on oubliait vite sa maladie des os de verre et la fragilité de son existence sur laquelle pesait constamment une épée de Damoclès bien réelle.

Philippe, grand lecteur, curieux de tout, était un poète-philosophe dont la pensée était stimulante, qu’elle concerne le Monde et les crises qui le traversent, ou les nombreux sujets dont nous débattions avec passion, rires et fougue. Parce que Philippe Rahmy était avant tout un grand vivant, très généreux de sa parole et de son temps, aussi bien avec ses amis proches que pour les gens qu’il rencontrait quelques heures. [...]

Dans "Monarques", son dernier récit, Philippe Rahmy était revenu sur ses origines, son père égyptien, les questions qui se posaient depuis toujours, l’enquête qui s’était imposée. [...]

Il racontait en écho à cette histoire, celle de l’adolescent juif Herschel Grynszpan qui assassina l’attaché de l'Ambassade allemande à Paris en 1938, prétexte à la terreur nazie envers les Juifs lors de la Nuit de Cristal.
Destins liés, nous avions la mémoire en commun. Des secrets peu à peu s'éclaircissaient au fil du récit, grâce au travail sur les mots et au pouvoir de la littérature auquel il croyait avec un incroyable optimisme. Sur la couverture d’un petit livre à paraître aux Editions d’en bas où il parlait de l’informatique au fil de propositions pour la démocratie, une gravure avec ces mots : Plutôt la vie.

Cela dit beaucoup du choix de Philippe.
Plutôt la vie que le repli, plutôt l’échange que la distance, plutôt la vie que l’inquiétude liée à la maladie, au risque de… au risque de vivre pleinement le temps qui lui restait. Il avait bien raison. Et ma gratitude d’avoir partagé un peu de cette vie en amitié est immense.

David Collin, journaliste Espace 2