Yilian Cañizares, le violon cubain avec lequel l'OCL danse

Yilian Cañizares imaginait-elle, quand elle a posé pour la première fois un pied sur le tarmac genevois il y a 10 ans, que l'Orchestre de chambre de Lausanne interpréterait un jour ses propres compositions? Ce n'est pas un conte de fées, explique-t-elle au micro de la RTS, mais un destin qui se noue.

A l'occasion du 75 anniversaire de l'OCL, l'ensemble vaudois a choisi d'ouvrir ses pupitres aux musiques afro-cubaines et à cette violoniste-chanteuse, Lausannoise d'adoption, Havanaise de naissance. Ils se produiront ensemble, dirigés par la cheffe vénézuélienne Elisa Vegas, mercredi 18 octobre, à 20h dans la salle des Docks.

Mélange des genres

Entreprise de décloisonnement et de métissage à laquelle Yilian se prête volontiers. Elle a appris Bach et Tchaïkovski sous la baguette d'une professeure russe exilée à Cuba, puis dans les conservatoires de Caracas.

Installée à Lausanne, elle a peaufiné ses classiques mais aussi retrouvé les traditions caraïbes avec notamment un percussionniste vaudois spécialiste en tambours insulaires, Cyril Régamey.

On ne voit en moi que la Cubaine, celle qui joue du latin-jazz, celle qui repense les musiques populaires de mon île. Mais la musique européenne m’a tout autant forgée.

Ces jours-ci, dans les répétitions avec l'OCL, Yilian Cañizares retrouve l'atmosphère studieuse, concernée, des formations classiques. "Les arrangements réalisés par André Mehmari donnent une ampleur inouïe à mes morceaux, j'essaie de maintenir une certaine liberté, ne pas être intimidée par le grand son."

Le bracelet de la musique

Autour de son poignet, Yilian porte un bracelet aux perles jaunes et vertes; il est le symbole d'un dieu africain que le culte de la santeria vénère: "il fait le lien entre ici et l'ailleurs", a-t-elle expliqué aux membres de l'ensemble pour les connecter à l'esprit bien plus qu'à la lettre de sa musique.

Dans les rangées du Studio 15, la mère de Yilian écoute l'entretien de sa fille. Elle a débarqué il y a quelques jours à Lausanne pour assister à ce concert particulier. "J'essaie de ne pas penser aux enjeux", précise Yilian, "mais forcément j’ai l'impression de fermer une boucle".

Voilà dix ans que je vis ici, je réconcilie tous les mondes qui me composent: le jazz et la musique classique, l’Amérique et l’Europe, ma terre de naissance et ma terre d’adoption.

Yilian Cañizares traverse déjà le monde avec sa musique. La réalisatrice Emmanuelle de Riedmatten la suit depuis des mois pour un documentaire qu'elle lui consacre. Le concert de ce mercredi 18 octobre, comme un point d'orgue.

ar