"Jeune femme" de Léonor Serraille a été récompensé en mai dernier de la Caméra d'or lors du dernier festival de Cannes.
Le film suit la trajectoire de Paula, une trentenaire à la dérive, seule à Paris, et sans argent, brouillonne mais toujours prête à se réinventer. "Jeune femme" s'inscrit dans la tradition du cinéma à personnage, la réalisatrice faisant corps avec son héroïne et surtout avec son actrice, l'extraordinaire Laetita Dosch, tour à tour agaçante, attachante, excentrique, fantasque, mais jamais là où on l'attend.
Financement difficile
Le début du film heurte. On y voit Paula se cogner la tête contre une porte, hurler, finir à l'hôpital où elle s'explique devant un infirmier qu'elle envoie bouler. "Un début difficile pour obtenir un financement", s'amuse Léonor Serraille dans une interview à la RTS en défendant son personnage radical avec fougue. A ce titre le film est moins une chronique générationnelle qu'un portrait singulier d'une femme singulière; un grand film sur la liberté.
"Grâce à son instinct de survie, Paula se relève toujours, dit la réalisatrice. Elle sait rebondir, changer sa façon de parler, de se maquiller, exercer des boulots très différents, elle est comme un caméléon, insaisissable, incasable. C'est ce que je voulais: la laisser libre face à son destin. C'est l'histoire d'une descente et d'une renaissance".
Léonor Serraille ajoute qu'elle a écrit ce personnage, proactif et plein d'humour, parce qu'elle-même, plus jeune, ne s'est pas assez montrée rebelle.
Pourtant, elle aussi a changé de trajectoire soudainement, a su tirer profit de son échec et se lancer dans le cinéma avec culot. D'ailleurs, à la question, quel conseil donneriez-vous aux jeunes femmes pour aller de l'avant?, elle répond: "Se sentir légitime, même quand on ne l'est pas. Surtout ne pas se mettre de limites. Foncer."
mcm