Tout le siècle en lui
Comme Léonard de Vinci a été le génie de la Renaissance, Charlie Chaplin l'a été du XXe siècle. Acteur, réalisateur, producteur et musicien, il a posé la grammaire de ce qui deviendra le 7e art, inventé le burlesque émotionnel, écrit d'ironiques chroniques d'époque comme "Les Temps modernes" ou "Le Dictateur". Mais il a aussi préfiguré, par ses choix et ses audaces, tous les comportements emblématiques du siècle, les meilleurs comme les pires.
Rêve et cauchemar
Anglais de naissance, Charles Spencer Chaplin (1889-1977) aura incarné le rêve américain avant qu'il ne devienne un cauchemar pour lui.
Bien avant Michael Jackson, il a connu une célébrité planétaire et a même esquissé l'ancêtre du moonwalk dans "Les Temps modernes".
Comme Cecil B. De Mille et David Griffith, il a posé les bases de la grammaire cinématographique, notamment dans ce burlesque teinté d'émotion qui reste sa marque de fabrique.
Un peu comme Oprah Winfrey, il a connu une enfance de misère et de privations avant d'être l'artiste le mieux payé du début du XXe siècle.
Même s'il a longtemps résisté au parlant, ses musiques de films sont aussi mémorables que celles de Bernard Hermann ou John Williams.
A l'instar de la pomme Steve Jobs, Chaplin a réussi à faire d'un melon et d'une canne des logos immédiatement identifiables.
Avant Ian Fleming et son James Bond, il a inventé un personnage, Charlot (The Tramp), qui a réussi à s'affranchir de son auteur.
Comme Spielberg, il a été adoré des enfants et des adultes.
Comme Harvey Weinstein, il fut à la tête d'une puissante maison de production indépendante, les Artistes Associés, et comme lui, sa gloire a été entachée par des scandales sexuels.
Enfin, comme Picasso, son rival en génie, un musée lui est désormais dédié à Vevey.