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Le gouvernement iranien bloque l’accès à la messagerie Telegram

L'utilisation de l'application Telegram a été interdite en Iran.  NE PAS REUTILISER CETTE IMAGE. PAS DE DROITS! [Getty Images - Carl Court]
L'utilisation de l'application Telegram a été interdite en Iran. - [Getty Images - Carl Court]
Le gouvernement iranien a bloqué l’accès aux réseaux sociaux Telegram et Instagram. L’application de messagerie Telegram, en particulier, joue un rôle central en Iran et a contribué à la vague de manifestations.

Telegram, c’est quoi?

Telegram est une application de messagerie instantanée russe qui permet d’échanger des messages, photos, vidéos etc., avec un téléphone portable. Ses fonctions sont similaires à celles de WhatsApp, son concurrent. Telegram a été développé en 2013 par les frères Nikolai et Pavel Durov, déjà fondateurs de Vk.com, le réseau social dominant en Russie.

Combien de comptes utilisateurs?

Environ 100 millions de personnes dans le monde utilisent Telegram tous les mois. A titre de comparaison, WhatsApp recense 1 milliard d’utilisateurs chaque mois. Telegram est particulièrement populaire en Iran: près d'un Iranien sur deux l'utilise, soit environ 40 millions de personnes. Une très grande partie des utilisateurs de Telegram se trouve donc en Iran.

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Pourquoi un tel plébiscite en Iran?

Avant, les Iraniens utilisaient WeChat ou WhatsApp, mais ces applications étaient souvent bloquées ou ne fonctionnaient pas correctement. Telegram était toujours accessible, car certains membres du gouvernement utilisaient eux aussi l’application. En outre, elle fonctionne très bien même avec une connexion internet lente et accepte l’alphabet arabo-persan.

Au départ, les utilisateurs ont aussi apprécié la fonction de chiffrement qui leur permettait de protéger leur vie privée. Par la suite, les experts ont régulièrement remis en cause le protocole de sécurité.

Telegram échappe-t-elle à la censure?

Les avis divergent. L’utilisation intensive de Telegram est un thème récurrent en Iran. Le gouvernement a annoncé à plusieurs reprises une coopération avec Telegram, ce que la société des frères Dourov dément systématiquement ou presque.

En janvier 2016, les comptes de plusieurs journalistes iraniens ont été piratés. Certains contenus choquants ont également été retirés à la demande du gouvernement.

Quelle utilisation les Iraniens font-ils de Telegram?

En plus de sa messagerie et des chats classiques, l’application est surtout connue pour ses "chaînes" (similaires aux groupes sur WhatsApp, aux comptes Twitter ou aux pages Facebook) sur les sujets les plus divers. En Iran, beaucoup d’informations sont partagées via ces chaînes – infos trafic, météo ou nouvelles locales.

Thomas Erdbrink, le correspondant du New York Times à Téhéran, a récemment déclaré sur la radio néerlandaise NOS: "avec Telegram, les Iraniens sont probablement mieux informés que s’ils lisaient la presse".

Quel est le rôle de Telegram dans les manifestations actuelles?

Sans Telegram, il n’y aurait probablement pas eu de manifestations. Plusieurs chaînes de l’application ont lancé des appels à manifester. Certaines ont même incité à utiliser des armes à feu et des cocktails Molotov.

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Le patron de Telegram, Pavel Dourov, a alors annoncé la fermeture de la chaîne "Amadnews" sur le réseau social – pour incitation à la violence. La chaîne comptait près de 1,4 million d’abonnés.

Cependant, de nouvelles chaînes ont rapidement vu le jour sur Telegram, notamment "sedaiemardom" qui, en peu de temps, a compté plus de 700 000 abonnés. Des appels à manifester sont aussi lancés via ce service, qui diffuse des vidéos des manifestations.

Qui a décidé de la fermeture de l’app?

Le premier, Telegram a fermé les chaînes violentes, au motif qu'elles contrevenaient aux directives de l'application, dixit Durov. Mais il a refusé de fermer les chaînes qui appelaient à des manifestations pacifiques. Du coup, le gouvernement a totalement fermé l’application.

Les Iraniens peuvent-ils contourner le blocage de Telegram?

C’est possible, oui. De nombreux Iraniens utilisent les services VPN (réseaux privés virtuels) avec lesquels ils peuvent continuer à utiliser les médias sociaux comme Facebook ou Twitter. Mais ces services sont souvent bloqués. En ce moment, WhatsApp est de nouveau disponible.

Certaines applications comme FireChat n’ont pas besoin de réception réseau mobile et fonctionnent d’un téléphone à l’autre, en Bluetooth, de sorte qu’il est quasi impossible de les bloquer. Le problème est que ce genre d’application ne fonctionne que dans un rayon de 70 mètres – pour construire un grand réseau, il faudrait que beaucoup d'utilisateurs jouent le jeu.

Que va-t-il se passer maintenant?

Avec près de 40 millions d’utilisateurs en Iran, la responsabilité qui pèse sur Telegram est très lourde. Pavel Durov devra prendre une décision: est-ce qu’il se pliera à la demande du gouvernement iranien de fermer les chaînes et de censurer les contenus ou est-ce qu’il développera une application plus sécurisée pour que les utilisateurs iraniens puissent communiquer librement et éviter la censure de l’Etat?

haet/mcc

>> Article publié sur SRF Kultur sur un sujet développé dans l'émission Radio SRF 2 Kultur, Kultur Aktuell, 3 janvier 2018, 6h50.

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