L'héritage de la pensée marxiste, 200 ans après la naissance du philosophe
Le bicentenaire de la naissance de Karl Marx est célébré ce samedi, en Allemagne en premier lieu. Une preuve que la pensée marxiste n'est pas éteinte, même si les hommages au philosophe communiste sont vivement contestés.
Lutte des classes, dictature du prolétariat, communisme, Karl Marx a posé dès le 19e siècle les jalons d'une théorie philosophique qui perdure, notamment dans son ouvrage le plus connu, "Le Manifeste du Parti communiste", co-écrit avec Friedrich Engels (voir encadré ci-dessous).
S'il n'a jamais fait l'objet d'un culte à Trèves, cité de Rhénanie où le philosophe est né le 5 mai 1818, Karl Marx est célébré à travers quelque 600 événements (expositions, concerts, théâtres, conférences) dans sa ville natale. Le clou des célébrations est l'inauguration samedi d'une statue en bronze de 5,5 mètres de haut offerte par la Chine.
>> Les images de l'inauguration de la statue :
Ces célébrations sont toutefois contestées dans une Allemagne encore marquée par des décennies de répression communiste en RDA. Plusieurs manifestations sont ainsi prévues à l'appel d'associations ou partis ulcérés par l'hommage rendu à celui qu'ils considèrent comme le père des dictatures communistes.
Un héritage qui fait débat
Plus de 130 ans après sa mort à Londres en 1883, Karl Marx reste l'un des intellectuels les plus commentés au monde et quelques pays revendiquent toujours le marxisme comme socle idéologique, à l'image de la Chine et du Vietnam.
Discréditée après la chute du Mur de Berlin et l'effondrement des dictatures soviétiques où elle faisait figure de Bible, son oeuvre forgée au temps de la première révolution industrielle a connu depuis un certain renouveau. Les économistes s'interrogent d'ailleurs sur cet héritage, entre ceux qui le renvoient aux oubliettes et ceux qui louent sa pertinence.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a pour sa part choisi de lui rendre hommage vendredi lors d'une cérémonie à Trèves: "Marx n'est pas responsable de toutes les atrocités dont ses héritiers supposés doivent répondre."
boi avec agences
Publié
Cinq concepts emblématiques du marxisme
"Lutte des classes": Pour Marx, partout et de tout temps, il existe une opposition entre les travailleurs et ceux qui détiennent le capital et/ou les moyens de production. Cette inégalité génère inévitablement un conflit dit "de classes" qui est le moteur positif de l'Histoire. Dans la société capitaliste, les prolétaires cherchent irrémédiablement à supprimer le rapport de domination par la révolution afin de fonder une société juste.
"Dictature du prolétariat": La dictature du prolétariat est la phase transitoire de la société du capitalisme au communisme. Dans cet entre-deux qui est, par défaut, socialiste, l'Etat se maintient provisoirement. Le prolétariat s'empare du pouvoir et l'utilise pour anéantir la puissance de la bourgeoisie. La "dictature du prolétariat" proclamée par les bolcheviks en 1918 est au coeur de l'exercice du pouvoir pour Lénine.
Communisme: Pour Marx, il s'agit de s'opposer au socialisme, jugé utopiste voire bourgeois ou réactionnaire, et d'expliquer l'avènement d'une société juste après la victoire du prolétariat dans la lutte des classes. Les piliers de ce communisme sont l'abolition de la propriété privée et l'aboutissement après la dictature du prolétariat d'une société sans classes et sans Etat.
"Internationalisme": "Prolétaires de tous les pays unissez-vous", la célèbre conclusion du "Manifeste du Parti communiste", pose les bases d'une première structuration politique dépassant les frontières des nations et des Etats. Ce cri de ralliement internationaliste deviendra la devise de l'URSS et résonne des décennies durant auprès des plus défavorisés qui prennent conscience de la similitude de leurs revendications d'un pays à l'autre.
"Opium du peuple": Karl Marx ne voit dans la religion qu'un dérivatif qui permet aux exploités d'oublier leur misère et pouvant être utilisé par les puissants. De là sa célèbre expression, extraite de la Contribution à la critique de la Philosophie du Droit de Hegel (1844) comparant la religion "à l'opium du peuple". En cela, Marx est un défenseur de l'athéisme, sans pour autant en faire un dogme.