Regarder le film de Jean-Michel Meurice, c'est un peu comme embarquer pour 50 minutes autour du monde. Le réalisateur français raconte le parcours de Blaise Cendrars à l'aide d'archives, dont certaines proviennent de la RTS, et les relie par des animations comme autant de traits d'union entre les multiples vies de cet écrivain prolifique, né à La Chaux-de-Fonds le 1er septembre 1887 et mort à Paris le 21 janvier 1961.
>> A revoir ci-dessus jusqu'au 4 juillet 2018
Entre deux, il y a ses aventures, de la Russie de 1905 au Brésil des chercheurs d'or, en passant par Berne, la France et la guerre.
Chronologique, sans être scolaire, ce documentaire ne cache pas les paradoxes de Frédéric Louis Sauser, devenu Blaise Cendrars, un créatif qui oscille entre errances et phases d'intense productivité, un homme à femmes, ami des artistes de son temps, Guillaume Apollinaire, Fernand Léger ou encore Modigliani. Touche-à-tout, il vit sur la brèche, au Ritz le mardi, sous un pont le samedi.
Une oeuvre qui résonne
Ses premiers chefs-d'oeuvre "Pâques à New York" et "La prose du Transsibérien" témoignent de cet appétit et de cette existence qui peine à se stabiliser. Il croque la vie à pleines dents; la vie ne l'épargne pas. Blessé à la Première Guerre mondiale, Blaise Cendrars est amputé de son bras droit, perd "sa main d'écrivain". Mais il continue à écrire - de la main gauche, sa main "amie" - des livres qui donnent une impulsion nouvelle au roman français.
"L'Or", en 1925, puis dans un élan "L'homme foudroyé" (1945), "La main coupée" (1946), ou encore "Bourlinguer" (1948). André Malraux le proclame un des plus grands poètes du XXe siècle. Et la force de l'oeuvre de Jean-Michel Meurice réside peut-être en cela qu'il nous fait entendre autant qu'il nous fait voir Blaise Cendrars. Au-delà des aspérités de l'homme, cette prose qui résonne si bien.
Juliette Galeazzi
"Blaise Cendrars, comme un roman" diffusé le 4 juin 2018 à 21h55 sur RTS Deux (à revoir 30 jours en ligne).