Emmanuel Macron "est une source inépuisable de gags, mais un personnage intéressant", glisse Patrick Chappatte, invité vendredi de La Matinale de la RTS, dont les dessins sont à découvrir dans l'exposition "Dessine-moi un Macron" à la Maison du dessin de presse à Morges (VD).
Le caricaturiste genevois, qui dessine pour Le Temps, la NZZ am Sonntag et le New York Times, se souvient que le futur président français est "très vite sorti du peloton" et qu'il a donc fallu saisir lesquels de ses traits mettre en avant pour qu'il soit reconnaissable. "Un nez et un menton volontaires, aquilins, qui montrent son côté Bonaparte. Un sourcil froncé qui indique peut-être un petit peu de méchanceté", décrit-il.
"Comme pour chaque personnage d'actualité, il faut une certaine pratique. Chacun la sienne", estime Patrick Chappatte. "Plantu, au début, s'est planté. Dans les premiers dessins qu'il a fait de lui, Macron est méconnaissable."
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"Diplomatie du bisou"
Chappatte a notamment croqué le président français en caniche à béret dans les bras de Donald Trump, "en marche" sur un tapis roulant, ou en Tintin façon "Lotus Bleu" lors de sa visite en Chine.
"Je me suis beaucoup amusé sur cette diplomatie du bisou qu'il a tenté de mettre en oeuvre. Il paraît évident que cette amitié proclamée avec Donald Trump est totalement intéressée, pragmatique, velléitaire. Elle colle très peu aux personnages, on les imagine très mal faire copain-copain", estime-t-il. A ses yeux, les rencontres Macron-Trump "étaient vraiment des scènes romantiques très touchantes".
"Emmanuel Macron lui-même a un trait commun avec Trump, cette disruption... mais il a aussi ce narcissime. Il est persuadé qu'il est le seul capable d'influer sur le caractère de Trump, comme Trump a pensé qu'il était le seul à pouvoir faire changer d'avis Kim Jong-un", commente-t-il.
Propos recueillis par Romain Clivaz
Adaptation web: Jessica Vial
Dessiner la politique suisse, c'est "s'occuper de ses nains de jardin"
La politique suisse ne paraît-elle pas fade à dessiner en regard des personnages parfois très caricaturaux de la scène internationale? "La politique suisse, on l'appréhende avec bonheur, comme quand on revient du travail on va s'occuper de ses géraniums et de ses nains de jardin", plaisante Patrick Chappatte.
"Christoph Blocher est le personnage central de la politique suisse de ces vingt dernières années, donc si j'ai dessiné un seul de ces nains de jardin, c'est bien lui", souligne-t-il. "Je l'ai vu évoluer vers l'amertume. Une fois qu'il a été viré du Conseil fédéral, il est devenu plus destructeur. Il l'était déjà avant, mais il n'a pas su jouer le jeu du conseiller fédéral et il a évolué vers le pas bien", raconte le dessinateur.
Mais le Genevois rejette l'idée de personnages ennuyeux à caricaturer. "Certains humoristes, Yann Lambiel le premier, leur ont donné une voix. Aujourd'hui, ils font tout pour qu'on les dessine, comme Ignazio Cassis, qui fait un one man show depuis qu'il a été élu".