Plus de 900 monuments syriens ont été abîmés ou détruits depuis le début du conflit. En Irak, une partie des vestiges de la Mésopotamie antique ont été rasés et plusieurs mausolées ont été détruits en Libye.
C'est pour sauver ce qui peut l'être encore de ce patrimoine que la société française Iconem, créée il y a cinq ans, travaille en collaboration avec des organisations internationales comme l'UNESCO, des gouvernements, des universités (dont celle de Lausanne, lire encadré) ou le Musée du Louvre notamment.
Pour reconstituer les sites en images 3D de très haute qualité, la société utilise notamment les techniques du laser et de la photogrammétrie. Elle se base aussi sur des milliers de photos prises sur les sites à partir de drones ainsi que sur des plans d'archives. C'est ce qui a été fait par exemple à Palmyre en Syrie, pour reconstruire le temple de Bel dans son état initial. Une équipe s'est rendue sur place, une fois les lieux sécurisés, pour numériser le site. La cité antique a ensuite été reconstituée depuis Paris.
Sauver la connaissance du passé détruit
"Physiquement, on ne sauve rien car bien souvent ce n'est pas possible", souligne l'architecte et co-fondateur d'Iconem Yves Hubelmann. "Mais au moins on en sauve la connaissance. Pour nous, ce qui est important c'est d'éviter l'oubli. Et aujourd'hui, ces techniques sont le moyen le plus efficace pour le faire."
Le public peut découvrir ces paysages numériques reconstitués en 3D à l’occasion d’expositions. La prochaine aura lieu à l'Institut du monde arabe, à Paris, en octobre.
Margaux Bédé/oang
La collaboration de l'UNIL et du fonds Collart
L'Université de Lausanne collabore avec Iconem sur le site de Palmyre en Syrie. Depuis l'an dernier, une équipe de l'Institut d'archéologie et des sciences de l'Antiquité (AMA) valorise une partie des archives encore inexploitées de l'archéologue Paul Collart, réunies aujourd'hui au sein du fonds Collart.
Le Genevois avait fouillé notamment le site du sanctuaire de Baalshamîn, détruit à l'explosif en 2015.
Ses archives sont donc devenues l’une des seules sources permettant de documenter le sanctuaire détruit.