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"Thérèse rêvant", l'œuvre ambiguë de Balthus s'expose à Bâle

Une visiteuse observant la controversée peinture de Balthus, "Thérèse rêvant", à la fondation Beyeler. [Keystone - Patrick Straub]
Une visiteuse observant la controversée peinture de Balthus, "Thérèse rêvant", à la fondation Beyeler. - [Keystone - Patrick Straub]
La première rétrospective suisse consacrée à Balthus (1908-2001) depuis dix ans s’est ouverte le 2 septembre à la Fondation Beyeler. L'occasion de juger par soi-même la toile dénoncée par #metoo.

Né à Paris de parents germano-polonais et mort dans son chalet à Rossinière (VD), Balthus, de son vrai nom Balthasar Klossowski de Rola, a tracé un chemin opposé aux courants des avant-gardes modernes. Il s'est affirmé comme l'artiste de la contradiction et du trouble, mêlant réalité et rêve, érotisme et candeur, objectivité et mystère, familier et étrange.

La Suisse romande rend régulièrement hommage à celui qui l'a longtemps habitée. Le Musée cantonal des Beaux-Arts (mcba), à Lausanne, expose actuellement des œuvres de Balthus mises en sons et en lumières par Robert Wilson.

>> A regarder le reportage du 19:30 :

Bâle accroche et explique au public les jeunes filles lascives de Balthus_2
Bâle accroche et explique au public les jeunes filles lascives de Balthus / 19h30 / 2 min. / le 2 septembre 2018

Jeunes filles à scandale

Les représentations de Balthus d'adolescentes, qui recèlent une tension difficile à cerner entre insouciance enfantine et érotisme séducteur sont autant d'exemples de contrastes parfois décriés. Ils continuent à provoquer un malaise chez les spectateurs et à susciter les débats sur les limites de l'art. A l'image de la célèbre toile "Thérèse rêvant" réalisée en 1938 et qu'expose la fondation bâloise.

En novembre 2017, cette même toile fait scandale au Metropolitan Museum of Art de New York. Une activiste du mouvement #metoo lance alors une pétition contre ce tableau, accusé de romancer la sexualité infantile. Près de 12'000 signatures demandent qu'il soit décroché du Metropolitan Museum de New York.

À chacun son opinion

Pour la Fondation Beyeler, cette levée de boucliers est insensée, l'art étant précisément porteur d'ambiguïté et de perspectives multiples sur le monde.

Il n'a jamais été question de renoncer à ce tableau à cause de cette controverse. Au contraire, il nous semblait important de le montrer afin que chacun puisse se faire sa propre opinion.

Raphaël Bouvier – Commissaire exposition Balthus

Singularité de son œuvre

Une visiteuse observant le tableau de Bathus, "Passage du Commerce-Saint-André". [Keystone - Patrick Straub]
Une visiteuse observant le tableau de Bathus, "Passage du Commerce-Saint-André". [Keystone - Patrick Straub]

L'exposition est articulée autour du tableau monumental "Le Passage du Commerce-Saint-André" (1952-54). Cette œuvre majeure se trouve à la Fondation Beyeler depuis longtemps en tant que prêt permanent. Forte de 40 tableaux clefs, la rétrospective rend compte de la voie artistique singulière et controversée du peintre.

Dialogue sur les controverses

L'exposition est accompagnée d'un programme de médiation artistique sous forme d'une table ronde de spécialistes ou de visites guidées le dimanche, suivies de discussions. En outre, un mur de commentaires présente les voix de défenseurs et de détracteurs de Balthus. Dans les différentes pièces, des médiateurs artistiques se tiennent par ailleurs à disposition du public pour dialoguer.

Pour réaliser sa rétrospective, la Fondation Beyeler a obtenu les prêts d'œuvres détenues par les plus grands musées de New York, Paris ou encore Londres.

ats/la/mcm

"Balthus", Fondation Beyeler, Bâle, à voir jusqu'au 1er janvier 2019

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