Une main sculptée en bronze portant un bracelet en or a été dénichée à Prêles, dans le Jura bernois. Elle est vieille de 3500 ans et il s'agit peut-être de la plus ancienne sculpture en bronze jamais découverte en Europe. Ce trésor exceptionnel a été déniché par des particuliers grâce à un détecteur de métaux. Un des deux hommes est sous le coup d'une plainte pénale du Service bernois de l'archéologie.
Pratique autorisée?
Fédéralisme oblige, le patrimoine archéologique est régi par les lois cantonales. Reto Blummer, archéologue cantonal fribourgeois, explique que dans le canton de Fribourg il existe des collaborations avec des détectoristes qui pratiquent ce loisir pour la prospection archéologique, mais dans un cadre très restrictif, basé sur des directives et des autorisations qui sont délivrées au compte-gouttes à des gens sélectionnés, formés et informés.
Il ne s'agit pas d'un trésor archéologique, mais d'un objet archéologique qui a été sorti de son contexte sans autorisation.
Reto Blumer précise qu'à priori, et jusqu'à preuve du contraire, cette découverte s'est faite dans une zone pour laquelle les détectoristes n'avaient pas d'autorisation et sans s'inscrire dans le cadre d'une collaboration avec le service archéologique.
La découverte reste néanmoins exceptionnelle du point de vue du mobilier archéologique et de sa valeur artistique notamment. Par contre "le cordon ombilical qui liait cet objet à son contexte structurel dans le sol a été coupé par les gens qui ont procédé à cette détection non-autorisée", precise-t-il. Cette situation prive l'objet archéologique d'un potentiel de reconstitution historique par des spécialistes.
Plainte injuste?
Pour Reto Blumer, le fait que la main a été remise aux autorités n'excuse pas les personnes. "C'est comme si vous vous muez en un justicier et que vous faites le travail de la police, alors que vous n'êtes pas assermenté comme policier".
L'acte est donc illégal malgré le bon réflexe d'avoir remis l'objet aux autorités compétentes.
Cela a simplement montré "que les personnes avaient une sensibilité suffisante pour le patrimoine archéologique pour penser que l'erreur initiale pouvait être corrigée", explique Reto Blummer.
La médiatisation suscite-t-elle des vocations?
Il est vrai que l'acquisition d'un détecteur de métaux est aujourd'hui très simple, par contre les bases légales qui permettraient à quiconque de faire de la prospection archéologique restent restrictives et doivent être respectées.
Dans le cas du canton de Fribourg, par exemple, la prospection archéologique par des tiers est soumise à l'autorisation du service cantonal d'archéologie et est passible d'une amende pouvant se monter à 5'000 francs en cas de non-respect du cadre légal.
Propos recueillis par Renaud Malik/Adaptation web: mcc
>> En cas de découverte archéologique, il faut contacter l'association Archéologie Suisse et les services archéologiques cantonaux.