Rembrandt, maître ancien qui ne cesse de rajeunir 350 ans après sa mort

C'est le 4 octobre 1669 que Rembrandt Harmenszoon van Rijn, connu sous son seul prénom, quittait ce monde. Agé de seulement 63 ans, il avait connu la gloire et le bonheur, mais au fil du temps s'étaient aussi accumulés les chagrins et les faillites. Le célèbre peintre hollandais terminait sa vie dans des conditions misérables.

Pour autant, le maître du clair-obscur n'est pas oublié, bien au contraire. En 2019, 350 ans après sa disparition, le génie hollandais, auteur d'environs 400 tableaux, sera plus que jamais sous les feux des projecteurs.

Au Rijksmuseum d'Amsterdam, "tout Rembrandt"

Né à Leydes, Rembrandt s'installe définitivement à Amsterdam en 1631. Il y reçoit ses premières grandes commandes et rencontre son grand amour, Saskia van Uylenburch, qu'il épousera en 1634. De nos jours le Rijksmuseum, navire amiral des musées de la capitale, possède la plus grande collection au monde de Rembrandt. Dès le début février 2019, la collection entière pourra, pour la première fois, être admirée dans son ensemble.

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"La Ronde de Nuit" auscultée en live

C'est aussi au Riksmuseum que se déroulera l'événement le plus spectaculaire de cette année commémorative. En juillet 2019 débutera la restauration publique de "La Ronde de Nuit". Ce portrait de groupe daté de 1642 est l'oeuvre la plus grande et la plus célèbre de Rembrandt.

La toile, qui a subi plusieurs détériorations au cours des siècles, a connu sa dernière restauration majeure en 1975, après l'agression d'un déséquilibré qui l'avait lardée de 12 coups de couteau. Pour ne pas priver les 2 millions annuels de visiteurs de cette pièce maîtresse, la toile sera auscultée sur place, derrière une vitre. Ces travaux délicats et hautement technologiques seront aussi retransmis en temps réel sur le web.

Des vrais qui deviennent faux et inversement

Une exposition imposante ouvrira aussi ses portes fin janvier au Mauritshuis. Ce musée situé au centre de La Haye, héberge certaines des plus belles peintures du Siècle d'Or néerlandais, notamment "La Leçon d'Anatomie du Docteur Nicolaes Tulp".

Cette année, parmi des chefs d'oeuvres de Rembrandt, figureront aussi des tableaux qui, à l'aune des nouvelles méthodes scientifiques, ne peuvent plus être attribués à Rembrandt et inversément. Le public pourra se faire un avis sur ce qui distingue un faux Rembrandt d'un vrai et comprendre de visu l'évolution de la perception de Rembrandt à travers les siècles.

Des morts tragiques et prématurées

Le Fries Museum à Leeuwarden présente "Rembrandt & Saskia: l’art d’aimer au Siècle d’Or".  En prenant comme fil rouge l'histoire du mariage de Rembrandt et de Saskia van Uylenburgh, l'exposition thématique donne l'occasion aux visiteurs de se familiariser avec les us et coutumes des grands mariages du XVIIe siècle.

Durant les huit ans que va durer leur union, Rembrandt va souvent prendre sa jeune épouse comme modèle, mais hélas, après avoir donné naissance à quatre enfants - dont trois vont mourir peu après leur naissance -  elle disparaît à son tour, à l'âge de 29 ans. Au coeur de l'exposition, figure le portrait de sa femme bien aimée, que Rembrandt a réalisé après sa mort, "Saskia au chapeau" (ou "Saskia de profil").

Ce chef-d’œuvre, conservé à la Gemäldegalerie Alte Meister de Cassel, voyage aux Pays-Bas pour la première fois depuis plus de 250 ans.

Les lumières de la jeunesse

Le fastes de l'année Rembrandt offrent aussi l'occasion de découvrir Leyde - Leiden en néélandais - la ville natale du peintre, dont les habitants se plaisent à rappeler que c'est là que Rembrandt a vu pour la première fois la lumière, élément majeur de son oeuvre.

Le musée communal Lakenhal y présente, au fil des mois, diverses expositions dont, notamment, un focus original sur ses années de jeunesse.

On peut aussi y cheminer sur la "route Rembrandt", un parcours de quelques heures, mêlant l'architecture, l'art et l'histoire. Si la maison natale a disparu, la promenade passe par l'atelier de Jacob van Swanenburgh, le premier maître de Rembrandt et par l'Ecole latine, l'académie où il apprit à dessiner.

Vie privée et réalité augmentée

Retour à Amsterdam pour un regard sur l'histoire privée du plus grand peintre de l'histoire néerlandaise. Le Stadsarchief Amsterdam (les Archives de la Ville) possède la plus grande collection de documents sur son œuvre, ses commanditaires, ses femmes, ses enfants et ses problèmes d’argent.

À l’aide de documents originaux du XVIIe siècle, l’exposition "Rembrandt Privé" retrace des histoires connues et moins connues du peintre.

Jusqu'ici très difficiles à lire, ces documents sont désormais accessibles grâce à la réalité augmentée. Des actes apparemment sans intérêt deviennent autant de témoignages émouvants et inattendus de la vie de Rembrandt.

Même si celui-ci n'aurait peut-être pas apprécié que le grand public puisse aujourd'hui se pencher sur les moindres détails de ses amours, de ses dépenses, de ses disputes.

Texte: Elsbeth Gugger (SRF)

Traduction et adaptation web: Manon Pulver

_{Cet article a été publié sur SRF Kultur (en allemand).}