C'est une histoire d'eau. L'eau du Rhône, qui relie Genève à Arles. Fleuve dans lequel on a trouvé des trésors datant de plus de 2000 ans. Grâce à l'archéologie subaquatique et des recherches menées depuis 1985, des vestiges romains ont refait surface en 2007. Ils témoignent de la présence d'une colonie créée par Jules César à Arles en 46 avant Jésus-Christ.
Ces objets "montrent la richesse du passé romain d'Arles et tout le commerce qui transitait entre la Méditerranée et le réseau fluvial des Gaules", explique dans le 19h30 Béatrice Blandin, conservatrice responsable de l'archéologie gréco-romaine au Musée d'art et d'histoire (MAH).
Dans ces échanges commerciaux, Genève, en latin Genua, jouait un rôle majeur. "Genève était une étape qui permettait de redistribuer toutes les denrées qui arrivaient par le Rhône sur le reste du plateau suisse", précise Béatrice Blandin.
Un buste de 2000 ans et à peine quelques éraflures
A l'entrée de l'exposition, une statue de captif en bronze représente un barbare vaincu, symbolisant la puissance de Rome. L'œuvre est d'une finesse exceptionnelle et dans un état de conservation proprement sidérant.
Il y a des objets utilitaires, comme une roue de chariot ou un coffre, des éléments funéraires dont un sarcophage aux bas-reliefs splendides, des décorations comme une mosaïque magnifique, ou encore des statues, par exemple un petit Hercule en bronze ou une imposante Vénus de deux mètres, prêtée par le musée du Louvre.
Et puis il y a un buste. Un fameux buste. 2000 ans et à peine quelques éraflures. Un chef-d'œuvre qui justifie à lui seul l'exposition. "C'est beaucoup d'émotion, affirme Béatrice Blandin, lorsque nous l'avons déballé, nous avons vu à quel point c'est une très belle pièce, en marbre de Turquie, nous sommes très heureux de pouvoir l'exposer ici à Genève."
Une identité controversée
Le buste représente un homme d'âge mûr en marbre blanc. Oui, il ressemble furieusement à César. Mais est-ce lui? Cette question suscite la controverse. "Les indices qui montrent qu'il pourrait s'agir de César sont la calvitie, les joues creusées, le cou, long et ridé, et la pomme d'Adam saillante", explique Béatrice Blandin.
Les seules images fiables de César dont on dispose sont celles gravées sur des pièces de monnaie. Il existe également quelques représentations posthumes. "Mais s'il s'agit vraiment de César, alors ce serait le seul portrait réalisé de son vivant", conclut l'archéologue.
Comme c'est une histoire d'eau, nous, on se mouille et on dit que oui, c'est bien lui, juste parce qu'on en a envie. Allez-le voir vous-mêmes et comme il le disait: le sort en est jeté… alea jacta est.
Martina Chyba
>> "César et le Rhône, chefs d'oeuvre antiques d'Arles", une exposition à découvrir au MAH à Genève du 8 février au 26 mai 2019