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Le musée de Prangins nous invite à nous mettre à table

Boucherie de Madame Tricot alias Dominique Kähler Schweizer. [Musée national suisse - Daniel Ammann Herisau]
L'exposition "A table! Que mange la Suisse?" au Musée national suisse de Prangins / Le 12h30 / 2 min. / le 4 avril 2019
Que mange l'homo helveticus? Existe-t-il un plat emblématique de la Suisse? Les insectes sont-ils l'avenir de notre alimentation? Le musée de Prangins s'interroge avec son exposition ludique et gourmande "A table!".

Immortaliser sa recette sur les réseaux sociaux, organiser des concours d'excellence culinaire sur les chaînes de TV ou transformer un plat du terroir en oeuvre d'art, la nourriture est devenue un enjeu esthétique de premier ordre.

Mais elle est aussi un étendard social, économique et politique qui oppose les tenants de la bonne chair aux véganes convaincus, les militants d'une agriculture locale aux grandes chaînes globalisées, les partisans du slow food aux consommateurs du vite fait, bien fait. "Dis-moi ce que tu manges et je te dirai qui tu es." Jamais l'adage n'a été aussi pertinent comme en témoigne l'exposition "A table! Que mange la Suisse?" que propose depuis le mois d'avril le Château de Prangins, le site romand du Musée national Suisse.

La fondue, une recette récente

Mais d'abord existe-t-il une cuisine suisse? "La Suisse possède plusieurs patrimoines culinaires", précise Nicole Staremberg, conservatrice au Musée national suisse de Prangins. D'accord, mais il y a bien un plat emblématique, une recette qui fédère tous les Helvètes comme s'en sont amusés Uderzo et Goscinny dans un album d'Astérix: la fondue.

Pour les étrangers, en effet, la fondue est le plat suisse par excellence pourtant la recette n'est pas si ancienne. Elle a été créée dans les années 30 par l'Union du commerce du fromage pour écouler les excédents.

Nicole Staremberg, conservatrice au musée national de Prangins.

La cuisine est aussi une affaire culturelle, voire médicale, comme en témoigne, par exemple, une nappe en lin blanc du 16e siècle, aux broderies très raffinées, qui servait surtout à s'essuyer les doigts puisqu'on mangeait le plus souvent avec les mains! Par ricochet, on admirera la qualité des blanchisseuses de l'époque pour avoir maintenu l'objet dans une si belle conservation.

Autre objet rare de l'exposition, un livre manuscrit de recettes datant de 1584. Parmi elles, une "recette très singulière contre la peste" qui mentionne une plante qu'il faut tremper et infuser, et qui contient de l'aspirine.

Toute la cochonnaille réalisée en tricot

Mais le clou de cette exposition reste probablement la boucherie de Madame Tricot, oeuvre de l'artiste alémanique, Dominique Kähler Schweizer. De loin, on croirait voir une boucherie-charcuterie traditionnelle alors que tous les morceaux du cochon - salamis, jambons ou tripes - ont été tricotés. Est-ce aussi une volonté de ne pas heurter la sensibilité des militants de la cause animale? "L'artiste nous questionne sur notre rapport à la viande et nous dit que si on choisit de tuer l'animal pour se nourrir, il faut le consommer en entier" explique Nicole Staremberg.

La cuisine, enfin, est aussi une affaire de mode. Ou d'habitude. L'exposition de Prangins met ainsi à l'honneur les insectes, dont la Suisse permet le commerce depuis le 1er mai 2017.

Propos recueillis par Sylvie Lambelet

Adaptation web: Marie-Claude Martin

"A table! Que mange la Suisse?", Musée national suisse, Prangins, à voir jusqu'au 20 octobre 2019

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