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Journées photographiques de Bienne: des artistes dans l'air du temps

Une oeuvre de Maxime Genoud présentée dans le cadre des Journées photographiques de Bienne.
Une oeuvre de Maxime Genoud présentée dans le cadre des Journées photographiques de Bienne.
Placée cette année sous la devise "Flood" ou "débordement", la 23ème édition des Journées photographiques de Bienne se met pleinement en phase avec l’air du temps.

L’unique festival annuel de photographie en Suisse se déploie comme chaque année dans toute la ville de Bienne et se consacre cette année au thème du "flood" ou "débordement" et de la façon dont nous sommes littéralement "débordés" par de la publicité, des informations, des données - tant dans le monde réel que virtuel.

Le monde est toujours plus saturé et bruyant, atteste Sarah Girard, directrice des Journées. "Nous sommes tous aujourd’hui au milieu de ce flot d’informations, de données, des fake news. J’ai trouvé intéressant d’interroger ce débordement", dit-elle à SRF Kultur.

L'artiste lausannois Romain Roucoules rend tangible le flot des images sur les réseaux sociaux. [ECAL - Romain Roucoules]
L'artiste lausannois Romain Roucoules rend tangible le flot des images sur les réseaux sociaux. [ECAL - Romain Roucoules]

Des images Instagram se matérialisent

Nous prenons chaque jour d’innombrables photos avec notre smartphone. Lorsque celles-ci ne disparaissent pas dans les profondeurs d’internet mais sont tirées sur papier, le terme du "débordement" prend une autre signification. C’est ce que rend tangible l’artiste photographe Romain Roucoules.

Le photographe a installé deux "imprimantes sociales" dans une salle de l’expo. "Elles impriment directement les photos que nous partageons sur les réseaux sociaux.

De fait, cette accumulation va se matérialiser dans la pièce" explique Sarah Girard. Au terme de ces journées, la pièce devrait bien être submergée de tirages photos.

Le savon d’Alep

D’autres artistes abordent la thématique moins frontalement.  Le français Emmanuel Tussore par exemple, qui a sculpté des miniatures de maisons en ruines dans du savon d'Alep, avant de les photographier en haute résolution. Par ce processus le savon d’Alep devient le symbole d’une force brute, destructrice.

Ces deux oeuvres - l'imprimante sociale et les savons - sont exemplaires du bel équilibre atteint cette année par les Journées de Bienne,réussissant à être un rendez-vous incontournable tant pour les artistes que pour les festivaliers, dans un but de partage et de médiation.

"L'objectif est double" explique Sarah Girard "Etre tout la fois un lieu d'exposition et d'échange pour les professionnels, mais aussi un espace de réflexion pour le public."

La fabrication du savon d’Alep a été élaboré au cours de l’Antiquité dans la région du Levant. Emmanuel Tussore l’utilise pour ses sculptures.  [EMMANUEL TUSSORE]
La fabrication du savon d’Alep a été élaboré au cours de l’Antiquité dans la région du Levant. Emmanuel Tussore l’utilise pour ses sculptures.  [EMMANUEL TUSSORE]

Nouvelle direction, nouvelles orientations

La série "Cosmic Surgery" de la photographe allemande Alma Hasler est inspirée par la notion de surveillance et les traitements de beauté. [Alma Haser]
La série "Cosmic Surgery" de la photographe allemande Alma Hasler est inspirée par la notion de surveillance et les traitements de beauté. [Alma Haser]

Dans cette première édition placée sous son égide, la nouvelle directrice Sarah Girard pose de nouvelles orientations, notamment en faisant dialoguer la photographie avec d'autres disciplines artistiques comme la performance, la musique ou la littérature.

"Pour moi, qui suis originaire de Genève, ai étudié à Bâle et séjourné à l'étranger, la question nationale est très importante. Et je pense que Bienne est un point de rencontre intéressant, idéalement placé géographiquement" ajoute la nouvelle directrice.

Les importants préparatifs des Journées de Bienne tout au long de l'année se justifient doublement: d'une part, parce que les artistes chosis en disent long sur la société contemporaines, et de l'autre, parce que ces Journées participent de belle manière à porter haut le concept d'"Idée Suisse".

basi/huta (SRF Kultur)

Traduction: Manon Pulver

Les Journées photographiques de Bienne, du 10 mai au 2 juin 2019, dans différents lieux d'exposition. www.bielerfototage.ch

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