A l'instar du Grand Palais à Paris avec l'exposition "La Lune", le Kunsthaus de Zurich commémore lui aussi les 50 ans des premiers pas de l'homme sur la lune, un astre situé à 384'000 kilomètres de la terre qui fascine l'humanité depuis toujours.
Dès l'entrée du musée, l'univers de la lune happe le visiteur qui est accueilli par un cosmonaute en apesanteur flottant sur le bar du musée. Dans le hall, se dresse dans toute sa blancheur cette fusée en fourrure de l'artiste Sylvie Fleury, parfaite amorce au voyage proposé.
Le premier pas sur la lune de Neil Armstrong en 1969 est un évènement scientifique, politique (on est alors en pleine guerre froide) mais aussi culturel. Les astronautes produisent des images qui ont changé notre représentation du monde puisque c'est la première fois que l'on voit la terre, cette planète bleue, toute petite, perdue dans l'immensité du cosmos. Mais l'exposition du Kunsthaus de Zurich remonte bien avant ce 21 juillet 1969, pour retracer l'importance de la lune dans l'imaginaire pictural.
Une profusion d'images, d'installations, d'informations
On peut y voir des cartes du ciel, des clairs de lune romantiques, des outils de propagande politique en pleine guerre froide, des extraits de films de fiction, des installations, mais aussi une conquête de la lune africaine - car cette conquête va imposer au monde sa patte blanche et américaine. L'exposition, qui joue la carte de l'exhaustivité, est touffue.
"Indépendamment des astronautes qui ont foulé son sol, la lune éveille énormément d'images. Déjà parce qu'elle est la seconde source de lumière après le soleil. Enfant déjà, on réalise à quel point cette lumière est différente. Nettement moins forte que celle du soleil - 400'000 fois moins - elle fait ressortir d'autres choses. Un aspect qui est aussi traité dans l'exposition" explique Catherine Hug, conservatrice et commissaire de l'exposition.
"Fly me to the moon" laisse aussi place aux pas de côté. "Je fais partie de la génération qui pose un regard un peu sceptique sur toute cette colonisation de l'espace, de la Lune, de Mars" pondère la commissaire. "Dans les années 80, il y a par exemple l'accident Challenger [en 1986, la navette spatiale explosait 73 secondes après son décollage, tuant les 7 astronautes à son bord], donc ce sont aussi des années no future."
Si les artistes contemporains continuent de regarder la lune, ils y cherchent bien souvent aussi le reflet de la société. Les oeuvres les plus récentes présentées dans l'exposition prolongent ce regard critique d'une réflexion sur le féminisme ou la décolonisation.
Une sonate de Beethoven passée par la lune
A chaque station des oeuvres contemporaines dialoguent avec des oeuvres plus anciennes. Tel ce piano qui joue tout seul une étrange Sonate au clair de lune. "C'est le piano à queue de Katie Paterson" explique Catherine Hug. Quand on l'écoute, on se rend compte qu'il y a des tons qui manquent, que le jeu semble un peu indécis.
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En fait cette Sonate de Beethoven a été transmise à la lune par code morse, puis envoyée sur terre. Or des éléments d'informations se sont perdus dans les ombres des cratères lunaires. La sonate est donc revenue de ce voyage de près de 770'000 km avec des tons en moins. Ce qui a donné cette oeuvre, "Earth-Moon-Earth (Moonlight Sonata Reflected from the Surface of the Moon)", signée Katie Paterson.
Sujet radio: Florence Grivel
Adaptation web: Manon Pulver/aq
L'exposition "Fly me to the moon", est à voir jusqu'au 30 juin au Kunsthaus de Zurich