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La Fondation Gianadda organise le face-à-face Rodin-Giacometti

Rodin-Giacometti, Le Chêne et le Roseau
Rodin-Giacometti, Le Chêne et le Roseau / RTSculture / 1 min. / le 4 juillet 2019
Si tout les oppose a priori, il existe pourtant des filiations, des parallèles et des ressemblances entre l'oeuvre puissante d'Auguste Rodin et celle, filiforme, d'Alberto Giacometti. L'exposition de Martigny, qui réunit 130 oeuvres, en témoigne.

Auguste Rodin (1840-1917), l’un des pères de la sculpture moderne, a révolutionné cet art par sa grande liberté dans le traitement formel. En dépit de ses références à la statuaire antique et à la mythologie, il se montre insoumis face à l’académisme.

Sculpteur et peintre suisse, très attaché à ses Grisons, Alberto Giacometti (1901-1966) a quant à lui passé sa vie à dépouiller ses créations jusqu’à leur conférer un caractère universel. Rien, a priori, ne permet de comparer l'oeuvre du premier, puissante et vigoureuse, à celle du second, filiforme et minimaliste. Et pourtant...

Le chêne et le roseau

... et pourtant, il existe entre l'oeuvre de Rodin et celle de Giacometti des similitudes, des échos, des filiations. L'exposition Rodin-Giacometti, organisée à la Fondation Pierre Gianadda, est la première à souligner, interroger et étudier les parallèles entre ces deux artistes qui ont marqué leur art. En témoignent les quelque 130 oeuvres, sculptures et dessins, à découvrir jusqu'au 24 novembre, à Martigny.

Ce face-à-face entre le "grand chêne" et le roseau, ce dialogue entre deux monstres sacrés, est le fruit du partenariat avec le Musée Rodin et la Fondation Giacometti, Paris, à partir de leurs importantes collections.

La marche comme métaphore de l'humanité

Auguste Rodin - L'homme qui marche, grand modèle (1907). [Musée Rodin - Hervé Lewandowski]
Auguste Rodin - L'homme qui marche, grand modèle (1907). [Musée Rodin - Hervé Lewandowski]

S'il fallait ne citer qu'un seul exemple de filiation entre l'aîné et le cadet, ce serait "L'Homme qui marche" - titre commun aux deux artistes -, oeuvre réalisée en 1907 par Rodin, et en 1960 par Giacometti qui en prolonge le geste.

La sculpture de Rodin est née de l'assemblage de plusieurs éléments qu'il avait utilisés auparavant. Par le réemploi de ses propres formes, l'artiste voulait conserver la beauté fragmentaire des statues archéologiques accidentées. La silhouette, sans tête ni bras, est puissante, monumentale, héroïque malgré son incomplétude.

Magnifier la fragilité humaine

L'Homme de Giacometti, filiforme, marqué par le modèle égyptien, est nu et sans référence temporelle. La sculpture est dépouillée de toute anecdote. Les deux statues, iconiques pour chacun des deux artistes, ont pourtant des points communs: elles sont l'expression même du mouvement - la marche comme métaphore de l'humanité - et elles magnifient la fragilité humaine.

L'individu autonome dans le groupe

Ce dernier élément apparaît également dans les compositions chorales des deux artistes. "On trouve une parenté dans l'importance que chacun d'eux donne à l'individu dans le groupe", précise Hugo Daniel, co-commissaire de l'exposition. Toujours liés à cet humain qui les occupe, "les deux sculpteurs s'intéressent aux déformations qu'ils font subir à la physionomie humaine pour tendre vers l'expressivité. C'est frappant dans "Le cri" de Rodin et "Le Nez" de Giacometti, précise Hugo Daniel.

Parmi leurs autres ressemblances, on peut encore citer l'approche novatrice du socle, qui est bien plus qu'un support, souvent un élément de la sculpture elle-même; le travail par la série; l'importance du modelé et surtout une vision de leur art que Giacometti résume ainsi dans ses "Ecrits":

Une sculpture n'est pas un objet, elle est une interrogation, une quête, une réponse.

Alberto Giacometti dans "Ecrits"
Rodin et Giacometti dialoguent à la Fondation Gianadda. [Clad/the Farm]
Rodin et Giacometti dialoguent à la Fondation Gianadda. [Clad/the Farm]

Sujet traité par Sylvie Lambelet

Adaptation web: Marie-Claude Martin

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