En 1975, la carrière de Jean Solé prend une direction décisive lorsqu'il rejoint Marcel Gotlib, fondateur de "L'écho des savanes", pour participer au lancement d'une nouvelle revue de BD désormais cultissime, "Fluide glacial", à laquelle Jean Solé collabore encore aujourd'hui.
Mais c'est grâce au journal "Pilote" que Jean Solé décroche plusieurs opportunités de travail. A l'époque, la revue avait un tirage énorme et était extrêmement lue. Le créateur du Guide du Routard par exemple, lecteur de Pilote, contacte Solé pour lui demander de créer une couverture pour sa nouvelle collection de guides de voyage. Ainisi est né le personnage au "sac à dos - globe terrestre" qui s'affiche sur les guides aujourd'hui encore, malgré des relookings discutables.
Gérard Jugnot, lecteur de "Pilote"
Idem pour l'affiche du "Père Noël est une ordure": "Gérard Jugnot lisait "Pilote". Il m'a contacté pour me demander de travailler sur l'affiche. J'ai fait plusieurs projets, ils en ont choisi un, qui n'était pas mon préféré d'ailleurs, et voilà. Il y avait ce côté boule de neige".
Tout au long de sa carrière, Jean Solé a illustré un très grand nombre de couvertures de magazines, de journaux français, de pochettes de disques. L'illustrateur voue d'ailleurs un amour immodéré à la musique. "La musique est comme un bocal autour de soi", explique-t-il. "J'adapte mon graphisme à la musique que je dois traiter en dessin, ou au musicien".
Les animaux, si fascinants à dessiner
Le crayon de Jean Solé est la prolongation de son bras, comme la guitare l'était pour Jimi Hendrix. Soient deux artistes qui font passer les vibrations de leurs émotions à travers leurs moyens d'expression artistique, le dessin pour l'un, la musique pour l'autre. Mais Jean Solé n'est pas uniquement mélomane. Une autre thématique lui est chère: les animaux.
Pour lui, les animaux forment les sujets les plus complets et les plus intéressants à dessiner.
Le monde animal est fascinant pour un graphiste, parce qu'il y a de tout: des poils, des carapaces... Cela dépasse l'entendement. Des insectes jusqu'aux plus gros pachydermes, c'est une source graphique incroyable.
Homme de gauche
Fils de réfugiés républicains espagnols, Jean Solé est né dans le Gers, où ses parents s'étaient cachés. Marqué par cet héritage familial, Jean Solé se définit comme un homme de gauche, anticlérical, antimilitariste. Mais libertaire pacifiste avant tout.
Après le décès du dessinateur Alexis, Jean Solé reprend la série de Superdupont , ce superhéros français qui parodie Superman. "Superdupont n'est pas un facho, mais il est raciste et ultranationaliste", explique le dessinateur. Alors quand le Front national récupère le personnage dans ses campagnes dans les années 1980, la série s'arrête...avant de reprendre en 2008.
Pas de "gentillet"
Au chapitre de ses projets, il y a sa passion des abécédaires qu'il collectionne. "En général, les abécédaires s'adressent aux enfants; celui-ci sera dédié aux adultes. Il sera déconnant, sans trucs gentillets!", s'amuse Jean Solé qui sera présent au festival BD-Fil du 12 au 16 septembre. Il participera notamment à l'exposition "Lausanne en BD" aux côtés d'une trentaine d'autres dessinateurs.
Jean Solé, vous souciez-vous de ce que vous laisserez à la postérité? "La postérité s'en chargera toute seule, je serai plus là. Donc je m'en fous complètement", répond-il du tac au tac. Avant de se raviser: "J'espère avoir laissé quelques petites traces ici ou là. Mais comme il y aura le réchauffement climatique, tout va brûler, comme en Amazonie et il ne restera plus rien!"
Propos recueillis par Witold Langlois
Adaptation web: mh
Jean Solé en dédicace samedi 14 et dimanche 15 septembre au Festival Bd-Fil à Lausanne
Lausanne aura sa première Boîte à BD
Lausanne aura bientôt une Boîte d'échange de BD, une première suisse. Une ancienne cabine téléphonique de la rue Pré-du-Marché sera décorée par Alex Baladi, invité d'honneur de BDFIL 2019. Inauguration vendredi.
En 2015, la Nuit de la lecture a transformé la première cabine téléphonique de Suisse en boîte à livres à la rue Pré-du-Marché au centre-ville, rappelle mardi l'association. Le succès rencontré a dépassé les espérances. Une centaine de ces boîtes ont désormais essaimé en Suisse romande.
Ainsi, "lorsque Swisscom a annoncé la mise hors service de la cabine adjacente à la première boîte à livres, nous nous sommes naturellement retrouvés autour de l'envie de créer la première boîte d'échange de bandes dessinées entre voisins", écrivent l'association et le festival BDFIL dans un communiqué de presse commun.