L'art onirique de Christine Sefolosha hante le château de Chillon

Christine Sefolosha vient de la Riviera vaudoise. Son destin la verra vivre en Afrique du Sud avant de revenir sur ses terres. C'est là-bas qu'elle va vraiment découvrir la nécessité et le sens de l'art. En Afrique, l'artiste a découvert l'intuition et l'instinct: "Je me suis rendu compte que c'est en allant tout à l'intérieur de soi que l'on trouve les images qui nous appartiennent vraiment".

L'art qui est fait en Afrique du Sud est un art tout sauf nombriliste. C'est un art premier, dans le vrai sens du terme. Pour moi ça a été une révélation.

Le château de Chillon lui a donné carte blanche. Dans son exposition intitulée "Larguer les amarres", elle peuple différentes salles du château de gigantesques monotypes peuplés de vaisseaux, de créatures mystérieuses, lumineuses et sombres à la fois.

Les œuvres flottent comme des oriflammes qui vibrent au gré du vent qui passe par les fenêtres. Le public est plongé dans une atmosphère bleu profond, bleu comme l'inconscient peut-être. Avec cette exposition, Christine Sefolosha semble traverser l'existence sur la crinière de cet inconscient fertile, osant les profondeurs et ramenant à la surface ses visions sombres et lumineuses.

Une inspiration fragile

Comme d'autres artistes, Christine Sefolosha s'est laissé imprégner par le château de Chillon, son histoire et le paysage alentour. À Lutry, dans l'atelier du spécialiste en estampes monumentales Raymond Meyer, Christine Sefolosha a donné vie à une série de monotypes inspirés par le château. En tout, ce sont une vingtaine d'oeuvres uniques qui sont sorties de l'imagination et du travail de l'artiste. Le château mais aussi la vision que l'on a de ses fenêtres sur le lac ont inspiré les bateaux et autres oeuvres de cette exposition.

Le château est un lieu que je connais depuis ma petite enfance. Il était magique déjà à l'époque et j'étais très flattée qu'on me demande d'y habiter pendant presque 3 mois. C'est un lieu extrêmement chargé, extrêmement émouvant.

Les oeuvres de l'artiste sont un reflet de ses états intérieurs, qui font écho à ceux du monde. En témoignent ses bateaux, ses barques surpeuplées d'individus. Même si l'on est dans le registre du rêve ou du cauchemar, on pense évidemment aux réfugiés qui traversent les mers pour sauver leur peau.

Un lieu de contrainte

L'exposition "Larguer les amarres" habite littéralement le château en investissant différents endroits du célèbre monument historique. Les oeuvres de l'artiste montreusienne déploient un monde onirique et sensible. Le public est invité à traverser ces lieux hantés, à entrer dans l'univers de Christine Sefolosha.

Mais travailler au château de Chillon, c'est aussi accepter les contraintes du lieu et de l'espace. L'idée de l'artiste était d'utiliser la lumière venant des fenêtres et du lac pour créer des transparences. Christine Sefolosha a choisi de travailler des monotypes, une technique qui consiste en des estampes obtenues par transfert d'encre depuis une surface éphémère.

Propos recueillis par Florence Grivel

Adapation web: ld

"Larguer les amarres", Château de Chillon, Veytaux, et à la Galerie de l'Univers, Lausanne, jusqu'au 24 novembre 2019.