"Longe de veau braisée, Château Margaux 1914, œufs mimosa ou agneau pascal rôti à la broche, farci de petites saucisses strasbourgeoises, d’alouettes rôties et de ris de veau nés prématurément: la nourriture se retrouve partout chez Friedrich Dürrenmatt, que ce soit dans ses pièces, ses caricatures, ses portraits ou ses romans": c'est par ces mots alléchants que le centre Dürrenmatt présente son exposition "Le grand festin", à voir jusqu'au 22 mars à Neuchâtel.
L'auteur suisse était un bon vivant et chacun de ses livres ou presque en apporte la preuve, à l'image du festin gastronomique de "La Panne", du souper aussi piégeux que fastueux dans "Le juge et son bourreau" ou encore de cet homme accusé d'avoir transformé son épouse en charcuteries dans "La Saucisse".
De la ripaille au cannibalisme
Chez Dürrenmatt, les tables sont couvertes de victuailles et ses caricatures sont réalisées sur un coin de table au restaurant. Ses portraits d'amis n'oublient jamais le verre dans la main.
Mais souvent aussi la mort n'est jamais loin de la table. L'humour tourne alors vite au vinaigre et on passe de la ripaille au cannibalisme. Les ogres mangent les petits enfants et les maris leurs femmes.
Dans le même ordre d'idée, la caricature d'un cuisinier à la tête de mort rappelle qu'à trop faire bombance, on risque sa vie. Au Grand festin, l'écrivain, artiste et peintre convie le visiteur à sa table, avec tous ses excès.
L’exposition explore le motif de la nourriture chez Dürrenmatt de manière transversale, par ses œuvres et sa biographie. Elle présente ses oeuvres, par exemple des caricatures sur le vin suisse, qu’il jugeait médiocre, et celles d'autres artistes, qui ont "digéré" ses créations pour mieux les adapter: les dramaturges qui ont mis en scène ses pièces, les cinéastes qui ont adapté ses écrits et les plasticien.ne.s qui ont donné forme à son univers gastronomique.
Sujet radio: Sylvie Lambelet
Adaptation web: Frédéric Boillat