Marc Bauer a décidé de transformer la salle d'exposition de l'Institut suisse de Milan, la ville de Matteo Salvini, en une réflexion artistique sur la communication populiste.
Le Genevois a pris comme point de départ les innombrables messages que le chef de La Ligue et ancien ministre italien de l'Intérieur envoie quotidiennement sur Twitter, parfois plus de vingt par jour. Il a ensuite fidèlement reproduit ces messages et certains commentaires au crayon.
Référence à Mussolini
"Ce qui est intéressant avec Salvini et avec Trump, ce sont des communications très axées sur leur propre personne. Et le message est de dire: Je suis comme vous, donc votez pour moi", confie Marc Bauer lundi dans le 19h30.
Mais la réflexion de cet artiste, qui a travaillé sur le thème du fascisme il y a plus de 15 ans, va plus loin: il superpose Matteo Salvini et l'ancien leader fasciste Benito Mussolini en passant par les images infamantes du 15ème siècle.
"Matteo Salvini cite Mussolini et une partie de ses électeurs sont des nostalgiques de Mussolini, donc oui c'est la même famille", commente Marc Bauer.
Questionner la société
Pour Gioia Dal Molin, la commissaire de l'exposition, il est certes vrai q
ue le message politique est bien visible, "mais je n'irais pas jusqu'à dire que c'est un artiste suisse qui fait un commentaire politique sur l'Italie".
L'Institut suisse a choisi Milan, la ville de l'art contemporain, pour présenter cette exposition qui ne reflète pas vraiment la neutralité helvétique: "Notre rôle, c'est aussi questionner la société dans laquelle on vit, c'est se poser des questions sur les relations, sur la politique, sur le demain", assure Joëlle Comé, la directrice de l'Institut suisse de Rome.
Les fresques murales seront effacées
Contrairement à ses habitudes, Marc Bauer a certes utilisé le crayon et le fusain, et le noir et blanc fait toujours partie de son oeuvre, mais il a élargi sa palette pour les grandes fresques murales. Point d'orgue de l'exposition, la grande reproduction de Dylan Dog, qui représente ceux qui luttent contre les populismes, est une fresque très colorée.
A la fin de l'exposition, le 21 mars, les grandes fresques murales seront effacées, car Marc Bauer a voulu créer des œuvres éphémères. Une autre allégorie du populisme, peut-être…
Sujet TV: Valérie Dupont
Adaptation web: Frédéric Boillat